Issu du gotha de la famille révolutionnaire, il a toujours fait partie des hommes forts du pouvoir. Il a toujours répondu à l'appel du “chef”. En Algérie, il est presque écrit : on ne change jamais d'équipe qui… perd ! et, encore moins les personnes. Cette logique vient d'être confirmée, encore une fois, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en désignant, lundi, Abdelkader Bensalah, second personnage de l'état, en sa qualité de président du Sénat, pour “la conduite des consultations avec les partis politiques et les personnalités nationales”, afin d'asseoir les énièmes réformes annoncées. Autrement dit, celui-là même qui fut porte-parole, il y a déjà près de 20 ans, de la commission de dialogue national (CDN) qui a conduit, en janvier 1994, Liamine Zeroual à la tête de l'état. Peut-on faire du neuf avec du vieux ? Le sénateur du Rassemblement national démocratique (RND), ce parti “né avec des moustaches” en 1997, a été choisi par Abdelaziz Bouteflika, président du FLN, pour “sa profonde connaissance de la scène politique nationale”. Secret de Polichinelle, le président du Sénat n'est autre que l'enfant de la région de Bouteflika. Abdelkader Bensalah est né le 24 novembre 1941 à Tlemcen. Le président de la République, maître de l'ouvrage des réformes, lui fait-il ainsi confiance du fait qu'il soit de sa région, ou bien parce qu'il est issu du RND qui partage le pouvoir avec le FLN ? En tout état de cause, le parcours de Bensalah est riche en la matière. Issu du gotha de la famille révolutionnaire, il a toujours fait partie des hommes forts du pouvoir. Il a toujours répondu à l'appel du “chef”. Sa “discipline” lui vaudra d'ailleurs l'honneur, si c'en est un, d'être pressenti, y compris récemment par les câbles américains de WikiLeaks, comme potentiel successeur de Abdelaziz Bouteflika. Ceci, quand bien même son poste actuel, président du Sénat, l'autorise logiquement à succéder par intérim au président de la République, au cas où ce dernier viendrait à être dans l'incapacité de mener à terme son mandat. Viendrait à la rescousse du pouvoir depuis, notamment, l'assassinat, en janvier 1992, du président Mohamed Boudiaf, il a été désigné successivement, porte-parole de la Commission de dialogue national (CDN), de 1992 à 1994, puis président du Conseil national de transition (CNT) jusqu'en juin 1997, soit la date de son élection en tant que député puis président de l'APN à la faveur de la victoire de son parti, le RND, dont il a été le secrétaire général. D'ailleurs, ce fut lui-même qui annonça la naissance officielle du RND, le 21 février 1997, à l'hôtel El-Aurassi (Alger). Auparavant, il a exercé, non loin du sérail, en tant que journaliste au quotidien El-Chaâb en 1967, puis à El-Moudjahid de 1968 à 1974. L'un des “exploits” de l'homme, faut-il rappeler, fut sa démission de son poste de député, (du RND), en 2002, pour être désigné par Bouteflika président du Conseil de la nation, après la mort de Mohamed Chérif Messaâdia. Un élu du peuple a-t-il, en fait, le droit de démissionner ? Lors du dernier Conseil des ministres, le Président a annoncé “la tenue imminente de rencontres en vue de recueillir les propositions des partis et des personnalités sur l'ensemble des réformes annoncées”. Abdelkader Bensalah est-il en mesure de convaincre les représentants de la classe politique, notamment ceux de l'opposition, eux qui ne jurent que par le changement du système, à se concerter autour d'une même table ? Faut-il rappeler que même Abou Djerra Soltani, président du MSP, l'allié du RND et du FLN, réclame la dissolution de ce même Sénat que préside M. Bensalah. C'est le défi qui attend l'homme de confiance de Bouteflika…