Une fois de plus le public kabyle a été privé hier d'un beau derby qui aurait dû constituer une belle affiche footballistique et une grande fête du football en Kabylie. Après avoir consommé tout récemment encore une suspension de huis clos contre l'USM El-Harrach, les Canaris pensaient avoir mangé leur pain noir mais c'était sans compter sur ce couperet terrible qui continue à s'abattre sur leur tête pour des raisons inavouées mais certainement dictées par des considérations extra-sportives. Partant d'un tel constat, ce n'est pas la peine de s'interroger sur le mal profond qui ronge notre football et le terrible cauchemar de Marrakech est venu peut-être à point nommé pour secouer les consciences et nous rappeler malheureusement la triste réalité d'un football national géré à la petite semaine et voué au bricolage et au règlement de comptes. Toujours est-il que du côté de la JSK comme du côté de la JSMB, dirigeants et joueurs des deux camps ont regretté amèrement le fait de se produire dans un stade qui ressemblait beaucoup plus à un cimetière qu'à une arène sportive. “C'est quand même désolant de jouer dans un stade vide et un aussi grand derby aurait pu donner lieu à une grande fête du football, ce qui ne fut malheureusement pas le cas. Cela a déteint sur la qualité du spectacle car les joueurs n'étaient pas du tout motivés d'évoluer dans un tel cadre, ce qui a donné lieu à un match tout juste moyen”, dira en fin de match le nouvel entraîneur béjaoui Fouad Bouali. De son côté, le coach de la JSK, Rachid Belhout, partageait le même avis. “Un match de football sans spectateur relève de l'insensé. Personnellement, j'ai joué au foot et j'ai entraîné durant de longues années en France, en Belgique et au Luxembourg et je n'ai jamais vu une telle marmelade”. Le plus irrité face à une telle situation était bien le président de la JS Kabylie, Mohand Chérif Hannachi. “C'est une honte pour tous les responsables du football algérien qui veulent confiner notre football dans de véritables cimetières. Plus de deux cents matchs joués à huis clos en l'espace de quelques saisons, c'est un massacre à grande échelle”, dira Mohand Chérif Hannachi. “Il est temps que les présidents de club se solidarisent et fassent bloc ensemble pour lutter contre ces graves dépassements. Dites-vous bien que le stade du 1er-Novembre a été frappé de plusieurs matchs à huis clos cette année et la JSK n'a plus de recette alors que l'Opow de Tizi Ouzou n'a même pas d'argent pour payer ses salariés. C'est un véritable crime qui ne dit pas son nom !”, lancera encore le président de la JSK estimant que l'Association des clubs professionnels (ACP) doit se dresser comme un seul homme contre de telles injustices. “Ce sont les clubs qui font le spectacle et qui payent leurs joueurs et voilà qu'ils sont totalement écartés de tous les centres de décision. Ce n'est pas normal et il est temps de réagir pour défendre nos droits et imposer les règles du football professionnel”, conclut Hannachi.