Des officiers de l'ANP parlent de l'organisation du MDN sans traiter de l'assujettissement des fonctions du ministre de la Défense nationale aux attributions du chef de l'Etat. Le lieutenant-colonel Ahmed Sayah a détaillé, hier, à l'Ecole militaire polytechnique, à l'occasion des journées parlementaires sur la défense nationale, l'organisation du ministère de la Défense nationale (MDN). Ce département ministériel est structuré en trois grandes entités, à savoir l'administration générale, l'état-major de l'Armée nationale populaire ou le centre des opérations militaires et le regroupement des cinq services qui dépendent directement du ministre ou plutôt du président de la République qui cumule cette fonction (commandement de la Gendarmerie nationale, Département des renseignements et de la sécurité, contrôle général de l'armée, département des approvisionnement et enfin la direction de la justice militaire). C'est pour la première fois que l'organigramme de ce ministère de haute souveraineté est révélé à l'opinion publique, insiste-t-on du côté des officiers de l'ANP. Est-ce une manière de montrer que l'ANP tend à sortir de son hermétisme ? Probablement si l'on considère le fait que le général major, Mohamed Touati, a été prompt à réagir à l'intervention d'un sénateur qui mettait en garde l'armée contre les interférences extérieures, notamment celles émanant de la presse. L'officier supérieur a clamé haut et fort que l'ANP est avant tout une institution républicaine, au service du citoyen et proche du citoyen. Il a précisé que cette institution est tout à fait susceptible d'être critiquée. Le directeur de communication au niveau du MDN, le colonel Hocine Chiat, a annoncé que les plus hautes instances de l'ANP ont donné des instructions fermes pour rendre l'institution militaire accessible et surtout compréhensible pour l'opinion publique. Il a rappelé que 129 conférences ont été animées, par des universitaires, dans des enceintes militaires durant l'exercice 2002-2003. La velléité de l'ANP de parfaire sa stratégie de communication est peut-être avérée, bien que sur des questions fondamentales, l'institution militaire reste fidèle à sa réputation de grande muette. Hier, des officiers supérieurs ont ouvert le débat sur l'organisation du MDN sans l'élargir à la question relative à l'assujettissement des fonctions du ministre de la Défense nationale aux attributions du président de la République. Les deux seuls ministres de la Défense qui n'ont jamais été désignés comme tels, le général major (actuellement à la retraite) Khaled Nezzar et Liamine Zeroual (bien avant son élection à la magistrature suprême) au temps du Haut conseil de l'Etat (HCE de janvier 1992 à octobre 1995). Dans l'absolu, l'ANP serait favorable à la désignation d'un ministre de la Défense nationale. D'ailleurs, les officiers supérieurs auxquels nous avons posé, hier, la question nous ont immédiatement renvoyé aux déclarations du général Mohamed Lamari. Ce dernier a soutenu, dans une interview accordée à une publication paraissant à Londres (El Mouchahid Essayassi) en juin 2002 : “Nous avons toujours souhaité la nomination d'un ministre de la Défense. Nous avons même dit qu'un civil ferait l'affaire…”. Nos interlocuteurs se sont permis, toutefois, de souligner que le poste de ministre de la Défense nationale est politique, sans expliciter davantage en quoi ce caractère est inconciliable avec l'idée de séparer ce statut de celui de chef de l'Etat. S. H.