Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN, invite au dialogue le mouvement de redressement national. C'est ce qui ressort de la rencontre nationale des représentants de ce mouvement, organisé hier à Draria (Alger). C'est Salah Goudjil, coordinateur de ce mouvement, qui a été destinataire de cette invitation par Abdelaziz Belkhadem en personne : “il m'a téléphoné en vue d'une rencontre que nous avons eue le vendredi dans l'après-midi”, a expliqué hier en substance Salah Goudjil à l'occasion de la rencontre avec son mouvement. Entouré des membres de la direction, à l'image de Mohamed Seghir Kara, ancien ministre du tourisme et député de Bouira, Rachid Boukerzaza, ancien ministre de la Communication et Abdelkrim Abada député d'Alger, des députés actuellement en poste et d'autres en fin de mandat ainsi que des représentants du mouvement de redressement au niveau national, Salah Goudjil a voulu faire un compte rendu en plénière à ses pairs. “Notre rencontre, qui a duré pratiquement deux heures, a eu lieu en mon domicile”, a-t-il dit, tout en expliquant que “Abdelaziz Belkhadem a voulu en savoir plus sur nos revendications”. “je lui ai dit, voilà nos revendications telles que stipulées dans la plate-forme du mouvement.” Cependant, cette rencontre n'a pas donné lieu à une quelconque décision ou engagement. Le comité central et la nature du régime algérien Par ailleurs, le mouvement de redressement du FLN ne comprend pas pourquoi le comité central (CC) ne s'est pas positionné par rapport à la nature du régime algérien et au nombre de mandats présidentiels. “La plus grosse interrogation qui se pose actuellement à nous est de savoir comment ça se fait que le comité central n'a pas pu prendre position par rapport à la nature du régime et au nombre de mandats présidentiels en disant qu'il doit d'abord en référer à la base militante. Nous n'arrivons pas à comprendre cela”, a expliqué M. Boukerzaza tout en indiquant que c'est avant la tenue d'un comité central que ces questions doivent être réglées. “Cette interrogation intervient à la veille de la clôture des consultations politiques”, s'indigne l'ancien ministre de la Communication qui pense en fait que la formation majoritaire souffre d'un “grand problème identitaire”. “Actuellement, c'est le plus grand problème que nous avons”, dit-il. Dans ce cadre, l'intervenant s'est interrogé sur les “buts opaques par rapport aux projets du parti”. évoquant les questions organisationnelles et organiques, M. Boukerzaza a déploré les conditions qui ont entouré l'organisation du comité central : “on nous a déclaré qu'il y avait 351 membres du CC présents, mais en réalité il y avait plus que ça. Il y avait 713 membres qui ont pris part à la séance d'ouverture de la session du CC.” Et à l'ancien ministre de s'interroger : “qui sont les 350 membres en plus qui ont assisté au CC et pourquoi étaient-ils là ?” Pour l'intervenant, il n'y a pas de doute : “on a voulu nous transmettre un message.” Lequel ? “On nous dit voilà, vous êtes les bienvenus au CC, mais nous vous préparons ceux qui vous attendent au tournant si jamais, vous…” “Nous ne voulons pas que le parti soit otage d'une équipe, d'un groupe ou d'une vision”, lance-t-il. Pourquoi un slogan soudanais au congrès du FLN ? Intervenant de son côté, Mohamed Seghir Kara a fait une évaluation de la structuration du mouvement au niveau national. “le mouvement de redressement est présent dans l'ensemble des mouhafadhas de 47 wilayas, sauf Tamanrasset”, dit-il avant de préciser que “nous sommes un grand mouvement et nous constituons la majorité au niveau de la base militante”. M. Kara annoncera l'institution de deux commissions au sein du mouvement : l'une dédiée à la femme et l'autre à la jeunesse. “Nous sommes en mouvement, contrairement à Belkhadem qui fait dans le folklore et qui fait sa messe en réunissant le CC tous les six mois, mais entre les deux sessions, il n'y a rien”, dit-il. Par ailleurs, M. Kara dénie le droit à Abdelaziz Belkhadem de considérer que les animateurs du mouvement de redressement sont revendicateurs de postes de responsabilité. “je lui pose seulement deux questions, pourquoi le dernier congrès a porté un slogan soudanais ? Et pourquoi il a choisi au FLN l'organigramme du parti national égyptien ? Cela fait plus de six mois que nous lui avons posé ces questions sans recevoir de réponse”, note M. Kara qui pense en définitive qu'il est question “d'une dérive politique et idéologique du parti”. Quoi qu'il en soit, le mouvement de redressement a élaboré une véritable feuille de route. Il s'agit de la constitution de kasmas et de mouhafadhas parallèles, ainsi que l'organisation d'une conférence nationale avec des personnalités de renom pour arriver à une plate-forme politique avec laquelle le mouvement contribuera au débat sur les réformes.