Entre le mouvement de redressement et de l'authenticité, et la direction du FLN le divorce semble être définitivement consommé. La fronde qui s'est structurée autour d'anciens militants du parti, Salah Goudjil, Mohamed S'ghir Kara et Abdelkrim Abada entre autres, est passée à une vitesse supérieure, aux choses sérieuses. C'est, en tout cas, ce que fera comprendre clairement, hier, Salah Goudjil lors d'une conférence de presse organisée dans une villa située sur les hauteurs d'Alger, à Draria. Le décor est planté, le mouvement de redressement et de l'authenticité a fini par élaborer sa propre «feuille de route» suite «au blocage affiché par la direction du parti et son refus de tout dialogue». Salah Goudjil série plusieurs actions majeures qui seront exécutées prochainement : «Installation des kasmates et des mouhafadhate parallèles aux structures mises en place dans l'anarchie et la clandestinité, renouvellement démocratique de toutes les instances de la base militante en privilégiant le rajeunissement de l'encadrement dans le respect des statuts, finalisation et adoption des propositions concernant les réformes initiées par le président de la République, organisation d'une conférence nationale des cadres du parti à partir des structures nouvellement élues pour dégager une plate-forme politique pour les étapes futures.» Mais pas seulement, le conférencier affirme aussi que le mouvement va entamer la procédure d'invalidation du 9e congrès. Et plus que cela, il commencera à «réfléchir à la mise en œuvre des préparatifs en prévision des prochaines échéances électorales (locales et nationales)». Cet ancien membre du bureau politique, engagé pleinement dans la contestation contre le secrétaire général du FLN et son équipe, souligne en effet que l'action du mouvement s'inscrit «dans l'exercice effectif d'une véritable démocratie respectant toutes les libertés individuelles et collectives, permettant notamment au peuple de choisir librement ses représentants». S'inscrivant en faux par rapport à la direction actuelle du parti, Salah Goudjil n'a pas manqué de rappeler aussi que l'objectif est de travailler «pour gagner et mériter la confiance du peuple». «Nous voulons aller vers lui avec un programme clair et précis et un encadrement compétent, intègre, dévoué et engagé», a indiqué le conférencier qui adresse un appel à «tous les membres légitimes du comité central encore hésitants ainsi qu'aux représentants du parti au Parlement, avec ses deux chambres pour prendre leurs responsabilités». Qualifiant le mouvement d'«historique», Salah Goudjil leur demande de faire le choix : «Ou ils sont avec le mouvement ou avec la direction.» «C'est un appel historique et fraternel que je leur lance», précise-t-il avant de dénoncer encore une fois Abdelaziz Belkhadem qui avait déclaré que «le peuple n'était pas mûr pour un régime parlementaire». Le mouvement de redressement et de l'authenticité qui soutient avoir la majorité de la base militante à ses côtés, et qui conteste avec force la légitimité du comité central dont une centaine de membres n'ont pas, souligne-t-il, le profil nécessaire pour y siéger, s'inscrit donc dans la durée. Le point culminant de son action est surtout l'organisation de la conférence nationale des cadres du parti. Les enjeux de ce rendez-vous semblent avoir une grande importance pour ses promoteurs. «Débattre des réformes politiques, et sortir avec un programme politique qui tournera autour de l'alternance au pouvoir et le respect des principes démocratiques» renseigne bien sur la portée d'une telle action en prévision des prochaines échéances électorales. Les nouveaux redresseurs nourrissent plus que jamais l'espoir d'extraire le parti du FLN des mains de Abdelaziz Belkhadem qui manifeste de plus en plus le désir de se projeter dans un destin national par le biais d'une action en justice ! Sur les possibilités de réussite d'une telle procédure, Salah Goudjil n'hésite pas à dire : «Il y a eu un précédent.» Le conférencier fait certainement allusion à la décision de justice qui a invalidé le huitième congrès tenu en 2003. A la question de savoir alors si le mouvement travaillait de concert avec l'ancien secrétaire général du FLN, et candidat aux élections présidentielles de 2004, Salah Goudjil soutient qu' «il n'est jamais bon de lier le destin d'un parti politique aux personnes».