«Il est prématuré d'opter pour un système parlementaire car un tel régime nécessite au préalable une culture démocratique.» Cette déclaration à la Chaîne III du SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem, n'a pas laissé indifférent Salah Goudjil, coordinateur du mouvement de redressement et de l'authenticité du FLN, qui accuse l'actuel patron du parti d'avoir tenu des propos blasphématoires à l'encontre du peuple algérien. Enfonçant encore plus loin le clou, Salah Goudjil assimile les propos de Belkhadem «au leitmotiv de la politique coloniale qui a toujours défendu l'idée selon laquelle les Algériens appelés d'ailleurs indigènes étaient des citoyens de seconde zone». Dans une déclaration qu'il a rendue publique à l'issue de la rencontre, hier à Alger, des représentants de 46 mouhafadhas du pays du mouvement de redressement, Salah Goudjil, qui bat en brèche la déclaration de Belkhadem qui s'interroge aussi «si l'électeur algérien vote pour un programme ou pour des personnes selon des considérations tribales ou régionales», fait remarquer au très contesté SG du parti que «le FLN avait expressément signifié dès la proclamation du 1er Novembre que le destin de l'Algérie était entre les mains non pas d'une élite (…) mais de l'ensemble du peuple algérien», et que le slogan de la révolution était justement «par le peuple et pour le peuple». Il est choquant, considère l'ex-ministre des Transports, «que le FLN, qui a conduit à l'indépendance, en vienne aujourd'hui à proclamer que le peuple algérien n'est pas suffisamment conscient pour accéder à l'âge démocratique», alors que l'Algérie s'enorgueillit à juste titre de l'effort colossal consenti pour l'élimination de l'analphabétisme, parallèlement à l'œuvre gigantesque de démocratisation de l'enseignement, rappelle le chef de file des redresseurs. Tout en rappelant que le peuple algérien «sous la direction du FLN», a toujours démontré «une maturité exemplaire à chaque fois qu'il lui a été demandé de faire un choix fondamental, à commencer par le référendum de juillet 1962…», Salah Goudjil accuse Belkhadem, qui «a déjà ouvert la voie au sein du FLN aux détenteurs de fortunes et autres responsables cooptés par effraction» de vouloir «scier l'arbre sur lequel le FLN repose» à savoir «les valeurs de justice et d'égalité auxquelles le peuple algérien s'est toujours identifié». Le mouvement de redressement partie prenante des débats initiés par le chef de l'Etat La déclaration du représentant personnel du chef de l'Etat, «n'est pas pour étonner ceux qui observent le cheminement insidieux de Belkhadem à la tête du FLN», estime Salah Goudjil qui s'interroge : «Comment un dirigeant qui, n'étant pas convaincu de la nécessité du fonctionnement démocratique des instances du parti fait élire les bureaux des mouhafadhas dans la clandestinité, pourrait-il accepter le fonctionnement démocratique du pays entier ?» Pour Salah Goudjil, «il se confirme que Belkhadem ne saurait continuer à se prévaloir de la légitimité qu'il croit détenir en sa qualité de SG du FLN». Il suffit selon lui de fréquenter la base du FLN (…) pour se persuader qu'il n'a entre les mains qu'un FLN virtuel. De ce fait, Salah Goudjil estime que «les militants authentiques qui se reconnaissent dans le FLN historique qui échappe totalement à Belkhadem, regroupés au sein du mouvement de redressement et de l'authenticité se considèrent comme partie prenante de tout dialogue et débats futurs initiés par le président de la République». Nous apprenons sur ce même point, par le biais de Mohamed Seghir Kara, que le mouvement de redressement a décidé, à l'issue de la réunion d'hier, d'organiser des conférences au niveau de chaque wilaya, desquelles sortiront les propositions du mouvement à propos des réformes annoncées par le président de la République. Ces conférences régionales, auxquelles seront associés des juristes et des spécialistes, aboutiront à une conférence nationale qui se tiendra en mai.