Une diversité de sujets. Des images volées sur le vif, que l'on rencontre quotidiennement, sans pour autant leur accorder le moindre regard. Un talent dévoilé… Depuis le mercredi 8 juin 2011, le palais de la culture Moufdi-Zakaria abrite le 1er Salon national de la photographie insolite. Cette manifestation s'étalera jusqu'à la fin du mois en cours. Ce ne sont pas moins de 47 photographes algériens venus des quatre coins du pays qui y exposent leurs œuvres d'art. Ce sont des passionnés de l'image instantanée, sans fioriture, sans mise en scène : l'image prise sur le vif. Ces photographies s'inscrivent dans un autre registre, à savoir celui de l'insolite. Organisé par le Palais de la culture, ce 1er Salon national de la photographie insolite se veut “un clin d'œil amusant” pour un événement qui va “peut-être permettre de replacer cet art, peu présent dans les espaces et consolider sa place en Algérie”, affirment les organisateurs. En effet, cette discipline de la photographie a ses disciples. En Algérie, de grands noms lui sont associés “sans oublier ceux qui font quotidiennement l'actualité à travers la presse écrite”. Plus que des témoins, les photographies exposées racontent une situation, un fait insolite – hors du cadre ordinaire – ou tout simplement une situation insolite car cocasse, frisant le rire, voire le grotesque. Des événements que l'objectif a saisis à tout jamais, décrivant ainsi des singularités, mais ô combien réelles, et qui auraient pu passer pour ordinaires. Dans Acclimatation, de Djilali Baba-Ahmed (Alger), c'est une maison de Beni Abbès à Béchar, ensevelie sous le sable et sur un des murs est accroché un climatiseur, soutenu par une “barre de fer” en guise de pilier. Un bus qui est par-dessus le pont sur l'autoroute de Ben Aknoun, et comme son titre l'indique, c'est Plus de peur que de mal, une photographie signée Khaina Amirat. Outre des images prises sur le vif, c'est également celle montrant “les miracles” de la nature. Comme c'est le cas avec la Carotte d'Amar Belkacem de Tizi Ouzou, qui montre deux carottes soudées, ne formant qu'un seul légume, et au milieu duquel une pousse verte. Fatima Chafaâ propose une image désolante, témoin de la vie dure et de la misère des gens : Une vie dans une makbara. Au milieu du cimetière à Aïn Benian (Alger) une bâtisse se dresse fièrement, dont le toit est recouvert de plastique noir. Sur un des quatre murs, l'incontournable assiette blanche (la parabole). Sur le côté, du linge étendu ça et là, faisant face à un tas de ferraille… La liste est longue, comme en témoigne le catalogue de l'exposition qui renferme de belles images, qui la plupart, font sourire. Dévoilant la réalité d'un quotidien qui n'est pas souvent de tout repos, ces photographies, au-delà de leur côté “voyeur”, sont des créations, des œuvres d'art. Chacune raconte une histoire, livre un secret, sans compassion, ni parti pris. Neutres, elles narguent le visiteur, racolent son regard, son attention. Oscillant entre la fiction et la réalité, ce travail plonge le regard dans l'inattendu. Se déclinant telle une promenade, c'est l'univers de la découverte, de l'extraordinaire où différents sentiments se mêlent, où le grotesque, l'insolite et le pénible trouvent de la grâce dans les yeux du visiteur. Un mélange de béatitude et de frustration nous habite, sans pour autant sombrer dans la mélancolie, car le côté artistique prime sur tout l'ensemble, mettant à nu le talent et surtout le regard. 1er Salon national de la photographie d'art, jusqu'au 30 juin 2011, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria.