Une véritable pagaille a régné hier à l'aéroport international d'Alger. La grève du personnel navigant a été suivie à 100%. Aucun avion n'a décollé. L'aéroport Houari-Boumediene ressemblait hier plus à une cafétéria qu'à un lieu réservé pour les voyageurs. La grève déclenchée par le personnel navigant d'Air Algérie en est tout simplement la raison. “Je n'ai jamais servi autant de monde en si peu de temps qu'aujourd'hui”. Une phrase que répétait un serveur exerçant dans l'une des cafétérias-restaurants de l'aéroport Houari-Boumediene (côté lignes intérieures) à ses clients. Un satisfecit qui était loin d'être partagé par les voyageurs. Si beaucoup parmi eux se sont attablés pour siroter leur café, d'autres couraient dans tous les sens pour essayer de comprendre ce qui se passait. “Comment ont-ils osé nous vendre ces billets pour nous laisser perdus ici”, criait à haute voix une femme accompagnée de deux jeunes filles toutes aussi dépitées qu'elle. Un autre, la cinquantaine environ, en s'adressant à un employé d'Air Algérie pestiférait : “C'est vraiment notre étiquette nous les Algériens, on ne fait que des grèves pour ne pas travailler, jamais une grève de la faim.” Une autre femme, assise sur une table, tenait son mobile en tremblant. Elle paraissait inquiète et parlait à haute voix à son interlocuteur, oubliant presque son bébé endormi dans sa poussette. Le serveur nous informera que l'“infortunée” devait prendre le vol Alger-Oran. “Elle est venue ce matin de Montréal et devait rejoindre sa famille, mais il est plus que probable que la pauvre va devoir prendre un taxi pour faire 400 kilomètres”, lança-t-il, désabusé. D'autres “victimes” étaient visibles dans le hall tel ce jeune, la trentaine, qui était venu accompagner sa femme et son bébé. “Nous avons programmé qu'elle prenne le vol vers Annaba avec notre bébé quant à moi, je les rejoindrai en voiture. Je démarrerai dès que l'avion décollera, mais voilà qu'il me chamboule tout le programme. Je n'ai pas d'autres choix que de prendre la route et de faire ces 600 kilomètres avec notre enfant, espérant que la climatisation nous facilitera le voyage. Notre enfant n'a que trois mois”. Rencontré devant une cafétéria, un pilote d'un certain âge ne cachait pas son désarroi. “Durant toute ma carrière, je ne me souviens pas avoir assisté à l'annulation de tous les vols et ces jeunes grévistes ne mesurent pas les conséquences de leur action”. Toutefois, l'ambiance dans le hall des lignes intérieures paraissait bon enfant par rapport à ce qui se passait du côté des lignes internationales. Sur place, la pagaille semblait être un mot bien “faible” devant la réalité de la situation. À l'instar des lignes intérieures, les tableaux d'affichage indiquaient la mention : annulé pour presque toutes les destinations. Seuls “rescapés”, les vols des compagnies étrangères. Le brouhaha était indescriptible. Les guichets d'Air Algérie étaient pris d'assaut. Les employés de la compagnie ne savaient plus quoi répondre devant les salves qu'ils recevaient. Leur leitmotiv : “Je ne suis qu'un employé”, rendait les “clients” encore plus furax. Cela n'a pas empêché une jeune fille de lancer une boutade qui a fait sourire même les plus énervés. “Avec l'annulation de tous les vols, la compagnie s'est transformée de “Air peut-être” à “Air sûr” puisqu'aucun avion ne décollera”.