Des centaines d'opérations chirurgicales, notamment les patients atteints de cancer et de pathologies lourdes, ont été annulées, voire reportées à des dates indéfinies. La grève des résidents est à son 83e jour alors que celle des anesthésistes à son 11e. La souffrance des malades est tellement grande que tout le monde se retrouve sur le banc des accusés. La situation est plus qu'alarmante. Rien ne va plus dans les hôpitaux algériens où la panne gagne des services névralgiques au grand dam des malades souffrant de différentes pathologies. Au moment où l'on croyait que le conflit opposant le ministère de la Santé et les résidents allait prendre fin, notamment avec la feuille de route du ministre Djamel Ould-Abbès qui voulait résoudre les conflits autour d'un débat porteur d'espoir, voilà que d'autres mouvements de contestation se prolongent pour toucher les auxiliaires médicaux en anesthésie, causant une paralysie générale des blocs opératoires dans les centres hospitalo-universitaires (CHU) et les centres de santé. Et pas seulement ! Puisque les sages-femmes, malgré l'effet d'annonce d'un nouveau statut et de revalorisation des indemnités “accordés”, viennent de décider de revenir à la charge pour enclencher un mouvement de grève à partir de la semaine prochaine. Devenus “un terrain d'expression socioprofessionnel” depuis quelque temps, nos hôpitaux se voient déchargés de la mission qui leur est assignée, et ce, l'espace de revendications légitimes ou illégitimes, c'est selon, pour provoquer un précédent grave sous le regard tantôt “vigilant”, tantôt “placide” d'un ministère, lui aussi, en panne de solutions prometteuses. C'est que, depuis maintenant plus d'une semaine, les anesthésistes ont décidé de hausser le temps pour entrer en grève illimitée. Les conclaves tenus dans les wilayas d'Alger, Constantine, Skikda, El-Eulma, en sus des rencontres régionales de collectifs réunissant ces auxiliaires médicaux, ont donné lieu à un mot d'ordre et un seul : ne plus reculer quitte à aller vers une démission collective. Pourtant, et selon les déclarations recueillies au téléphone auprès du collectif des anesthésistes, le ministère de tutelle a, lui aussi, décidé de passer à l'action ! Mises en demeure et autres sanctions sont mises en évidence pour dissuader les grévistes à faire marche arrière. Mieux, à déclarer un bras de fer, quitte à les radier du rang médical. Une solution que les protestataires considèrent comme de la provocation, sachant que “le ministère de la Santé a décidé de fermer la porte du dialogue”, nous dit-on. En effet, juste après le sit-in du 30 mai dernier, des mises en demeure pleuvaient sur les grévistes pour attiser leur colère avant de décider d'aller vers un débrayage illimité à partir du 7 juin, nous confie-t-on. “Nous assurons seulement les urgences inhérentes aux malades atteints de tumeurs nécessitant des actes médicaux lourds. Le reste, que chacun assume ses responsabilités ! Nous allons davantage paralyser les blocs opératoires pour signifier au ministère que nous ne sommes pas la dernière roue de la charrue. Que nous sommes consciencieux et nous mettons l'intérêt du malade au-dessus de toute considération”, nous déclare ledit collectif, qui regrette que “les cliniques privées continuent de rafler la mise et de payer doublement les personnels médicaux”. En ce sens, nous avoue-t-on, des centaines d'interventions chirurgicales ont été annulées depuis le début de cette grève. “Le nombre d'opérations annulées sont colossales à l'échelle nationale. Plusieurs blocs sont actuellement fermés. Avec l'arrivée des congés et l'arrêt des programmes opératoires à cause des grandes chaleurs, en sus du mois de Ramadhan, les choses vont davantage se compliquer dans nos hôpitaux”, nous révèle encore ce collectif plus jamais décidé à aller loin dans ce bras de fer contre un ministère “qui fait la sourde oreille et qui prend à la légère la démission collective”, ajoute-t-on. Une chose est sûre, avec le durcissement de ton des médecins résidents et la grève des sages-femmes, en plus des anesthésistes qui comptent observer un énième sit-in le 19 juin prochain devant le ministère de tutelle, la situation a atteint son paroxysme.