Pour la première fois depuis la débâcle de l'équipe nationale de football à Marrakech, le 4 juin dernier, le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, est sorti de sa réserve pour tenter une explication. En effet, lors de l'émission “Hiwar Essaâ”, diffusée mercredi soir sur l'ENTV, Ouyahia estime que les dernières défaites de l'équipe nationale, notamment celle contre le Maroc (4 à 0), sont, essentiellement, dues aux changements opérés au niveau de l'encadrement technique. “Je pense que l'on a trop changé d'entraîneurs dans cette équipe en un laps de temps relativement court. Avec un grand monsieur comme Saâdane, l'EN a réalisé de très belles performances et a pu se qualifier pour le Mondial. Cela a procuré beaucoup de joie au peuple algérien. Mais, dès le retour du Mondial, Saâdane a été descendu en flammes. Il a été vite remplacé par un autre technicien algérien qui, à son tour, est parti quelques mois plus tard, à l'issue de la défaite contre le Maroc. C'est, donc, dans ces changements décidés par la FAF que réside, à mon avis, le problème et l'explication des échecs”, martèle Ahmed Ouyahia. Et à une autre question d'un journaliste, Ahmed Ouyahia suggère carrément “la solution locale”. “C'est avec des techniciens algériens que notre équipe nationale a réalisé les meilleurs résultats de son histoire. À mon avis, il faut recruter un entraîneur algérien.” Un avis qui n'est, bien sûr, pas partagé par la FAF, laquelle a décidé d'engager un entraîneur étranger. Certains observateurs voient dans la sortie médiatique d'Ahmed Ouyahia une attaque en règle contre la gestion de la FAF par Mohamed Raouraoua, dans la mesure où Ouyahia critique clairement les choix du président de la faf en ce qui concerne le départ de Saâdane et même, visiblement, celui de Benchikha. Du reste, les observateurs ont vite fait le lien entre les déclarations d'Ouyahia et la convocation par la FAF d'une assemblée extraordinaire pour le 3 juillet. Faut-il faire un lien avec l'AG extraordinaire de la FAF ? Un raccourci que ne partage pas un membre de l'actuel bureau fédéral contacté hier par Liberté. “Tout d'abord, la convocation de l'assemblée générale extraordinaire de la FAF était prévue depuis longtemps, bien avant l'intervention de M. Ouyahia. Cela n'a donc rien à voir avec les déclarations du Premier ministre. D'ailleurs, je pense que M. Ouyahia a tout simplement exprimé son avis sur la question. Nous la respectons. Mais nous pensons que le recrutement d'un entraîneur étranger est devenu impératif après l'échec de la solution locale. Nous avons besoin d'importer de la compétence capable de redonner une âme à la sélection nationale algérienne, la doter d'un projet de jeu réel afin de lui permettre d'arracher d'autres succès en perspective du Mondial 2014. Pour ce qui est de l'AG extraordinaire, il s'agit simplement de continuer notamment le travail de mise en conformité de nos statuts avec ceux de la Fifa…”, Souligne notre interlocuteur. Il faut dire que la position d'Ahmed Ouyahia est loin d'être réaliste dans la mesure où la participation de l'équipe nationale au Mondial 2010 a été un échec total. De nombreux spécialistes avaient appelé, dès l'été dernier, au départ immédiat de Rabah Saâdane, incapable, selon eux, de donner à l'EN une véritable assise de jeu. En fait, Saâdane avait atteint ses limites avec cette équipe. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'a pas effectué du bon boulot. Mais l'EN devait changer de main pour passer à une autre étape, celle d'un mondialiste à même de préserver son standing. En revanche, il est clair que le recrutement de Benchikha a constitué une erreur stratégique de la part de la fédération. Désormais les Algériens n'attendent que le recrutement d'une “grosse pointure”, comme promise par Mohamed Raouraoua, mais cela devrait également nécessiter le concours financier des pouvoirs publics. La faf est, sans doute, incapable de recruter un technicien de renom avec un salaire de deux millions d'euros par an sans l'aide de l'Etat. Il faut savoir, par exemple, qu'au Maroc, le salaire d'Eric Gerets, 250 000 euros par mois, est assuré par les services du roi Mohammed VI.