Reprochant un arrière-goût et une qualité douteuse à l'eau du robinet, notamment celle fournie par la station de traitement du barrage de Bouhamdane, les Guelmis se ruent sur l'eau minérale. Ces dernières années, la consommation d'eau minérale s'est considérablement accrue dans la wilaya de Guelma et même les familles de condition modeste sont concernées. Les dépositaires de nombreuses marques représentant des sources de tout le territoire national ont désormais pignon sur rue et leurs camions de livraison ne chôment pas à longueur d'année. Les supérettes, magasins d'alimentation générale, centres commerciaux proposent une panoplie de packs d'eau minérale à une clientèle déjà fidélisée qui consacre chaque mois un budget conséquent pour l'acquisition de ce liquide vital. Dans un passé récent, la fameuse bouteille d'eau minérale était réservée aux malades, hospitalisés et bébés pour la confection des biberons et aux familles aisées à la recherche d'un certain standing. L'eau du robinet était privilégiée par la population et parfois, des automobilistes se rendaient auprès des sources implantées dans la région, pour remplir quelques jerrycans d'eau pure et fraîche. Pour des raisons que seuls les sociologues sont en mesure d'expliquer, le citoyen lambda achète volontiers de l'eau minérale qui commence à détrôner l'eau du robinet. En effet, cette dernière est boudée car d'aucuns lui reprochent un arrière-goût et une qualité douteuse, notamment celle fournie par la station de traitement du barrage de Bouhamdane. En dépit des communiqués apaisants de la direction de l'hydraulique, de l'ADE et de la direction de la santé qui soutiennent que les analyses effectuées par les laboratoires sont formelles quant à la bonne qualité l'eau distribuée, de nombreuses familles ne boivent que de l'eau minérale. Une mère de famille rencontrée dans un magasin d'alimentation générale, cité Champ-de-Manœuvre, est formelle : “Nous achetons en moyenne vingt packs de six bouteilles d'eau minérale chaque mois et nous consacrons une dépense de deux mille six cents dinars car la santé n'a pas de prix !” Le commerçant qui a saisi l'opportunité de ce créneau porteur propose une dizaine de marques car la concurrence est de rigueur. D'autre part, ce phénomène a fait tache d'huile puisque les voisins veulent être au diapason, et ce, quelles que soient leurs conditions sociales ! Cependant, cette consommation effrénée d'eau minérale se répercute sur la qualité de l'environnement car des milliers de bouteilles en plastique jonchent les terrains vagues, les squares, les espaces verts, aires de jeux, lieux publics, rues et autres. Le cadre de vie des citoyens est pénalisé par le manque de civisme d'une majorité de la population qui gagnerait à se discipliner et à observer les règles élémentaires de la salubrité. Les autorités locales devraient encourager les investisseurs à réaliser des unités de recyclage d'objet en matière plastique, surtout les bouteilles d'eau minérale, de sodas, les flacons de vinaigre, d'eau de javel, d'eau toilette, de shampoing et les fameux sachets qui font partie du décor quotidien. Ces usines de recyclage, à l'instar de celles des pays voisins et d'outre-mer, permettraient la création de centaines de postes de travail, de sources de richesses, d'économies de deniers publics et engendreraient l'assainissement de l'environnement.