Résumé : Ghenima refuse d'entendre raison et de rentrer chez elle, malgré les supplications de son amoureux. Elle est prête à aller jusqu'à bout, quitte à se sacrifier sur l'autel de l'honneur. Mohand tente de la raisonner. En vain ! 53eme partie Elle passe une serviette fraîche sur son front, et met une casserole sur le feu afin de préparer une infusion calmante. Mohand avait toujours eu la présence d'esprit d'avoir dans son atelier des plantes médicinales. Ghenima n'eut aucun mal à découvrir de la sauge dans l'une des boîtes en métal déposée sur une étagère. - Je vais t'entraîner dans un labyrinthe sans fin Ghenima. Elle hausse les épaules : - Au point où j'en suis… Mohand tente de se redresser, mais grimace encore de douleur. - Tiens-toi donc tranquille, tu bouges sans cesse. Mohand remue encore et arrive péniblement à se soulever pour lancer : - Ghenima, tu devrais rentrer chez toi. C'est insensé, tu ne devrais pas rester avec moi, alors que ton mari te croit chez tes parents. Ghenima dépose le linge mouillé avec lequel elle s'apprêtait à panser les blessures de Mohand, et le fixe intensément de ses grands yeux : - Tu veux me jeter dans le feu toi aussi, tu m'avais promis… - Je sais, je t'ai promis un tas de choses. J'ai encore la mémoire intacte ma chère, mais j'étais loin de me douter que ton père allait accepter qu'on récite la fatiha le jour même de la réunion du comité des sages. - Moi non plus je ne m'y attendais pas, bien que ma mère m'ait avertie. - Aïssa a précipité les choses, tu vois, il craignait que ton père ne change d'avis, ou que quelqu'un d'autre ne lui force la main, d'autant plus que mes intentions envers toi, et la proposition de mon oncle Saïd, ne l'arrangeaient pas. - Oui, c'était une épine que vous avez introduite dans son cœur. Puisse-t-il en mourir. Mohand se met à rire, puis s'arrête en grimaçant de douleur, et en se tenant le ventre. - Ce salaud m'a bien arrangé. Il savait que je n'aurais pas hésité à lui tordre le coup. Il s'est fait protéger par ses “chiens de chasse”. Ghenima aide le jeune homme à se rallonger et met un coussin sous sa nuque. - L'infusion est prête, tu devrais la boire chaude. Cela te fera le plus grand bien. Mohand se laisse faire et Ghenima se met à lui faire boire le liquide encore bouillant à petites gorgées. À la fin, elle l'aide à se rallonger sur sa couche, et remue le feu dans l'âtre. - Euh, tu pourras trouver un vieux tapis derrière la porte, lui dit Mohand, je n'ai pas de couverture pour le moment, mais demain, je vais charger Lounès, ou l'un de mes amis de me ramener le nécessaire de la maison. La jeune fille repense au balluchon qu'elle avait laissé la veille dans la remise. Elle se hâte de le récupérer, puis dénoue la couverture et laisse tomber les quelques affaires qu'elle contenait. Elle s'empresse ensuite de couvrir Mohand, qui grelottait de fièvre. - Ah, j'ai oublié que tu avais laissé ton balluchon chez moi, mais tu devrais garder la couverture pour toi. - Chut, tu en as bien plus besoin que moi. (À suivre) Y. H.