Avant 1989, la République démocratique allemande (RDA) était un régime socialiste avec une industrie relativement développée, mais des combinats composés de grandes usines produisant des produits moins compétitifs sur les marchés extérieurs. Elle disposait d'une main-d'œuvre qualifiée et d'une population à la recherche d'un meilleur niveau de vie, surtout en comparaison avec les Allemands de l'Ouest. La légitimité du pouvoir était construite sur un contrat social, à savoir le travail garanti, la retraite, l'éducation, la santé, un certain nombre d'avantages sociaux fournis équitablement. Mais le contrat social ne fonctionnait plus convenablement à partir de 1985. Même si la RDA n'était pas en faillite. Les citoyens n'étaient plus satisfaits, surtout avec l'apparition de pénuries de nombreux produits sur les marchés. Sur le plan politique, la RDA était restée fermée, repliée sur elle-même, malgré les changements intervenus en Pologne, en Hongrie, en URSS avec Gorbatchev et la Perestroïka. Il y avait un parti prépondérant, celui du gouvernement, le SED et quatre semblants de partis à mission déterminée. Le régime n'a pas été capable de mettre en place les institutions nécessaires à l'ouverture. Ce sont donc les conditions sociales comparées à celles de l'Allemagne de l'Ouest qui ont servi de moteur à la révolte. Le processus de changement va démarrer à partir de 1989 Une plate-forme pour réfléchir à la démocratisation du système est publiée en septembre 1989. Il s'agissait, au départ, de garder la RDA sans fusion avec la RFA, mais créer les institutions nécessaires au changement. De même, faire jouer un rôle à la société civile, à savoir une société civile qui n'est plus celle de la RDA de l'époque du contrat social performant, mais qui n'est pas encore celle de la RFA. La société civile en RDA souffrait de la crise économique mais ne développait pas de résistance au pouvoir en place ; elle a acquis un certain degré d'adaptation à la crise avec un esprit de fatalisme, jusqu'à novembre 1989. Le 4 novembre 1989, une grande manifestation, qui insistait dans ses slogans sur la non-violence et le désir pacifique du changement, est venue à bout du régime. C'est alors la disparition du parti prépondérant et l'ouverture politique vers le multipartisme. Le 9 novembre, c'était la chute du mur de Berlin et le début d'une arrivée massive de gens à l'Ouest. Les premières élections libres ont eu lieu en mars 1990. Les nouveaux partis à l'Est n'ont eu que trois mois pour se créer et se préparer aux élections. Les partis de la RFA ont coopéré et apporté un soutien fort aux partis de l'Est créés juste après la faillite du SED. C'est une alliance autour du CDU (démocrates-chrétiens) qui a raflé la mise autour de la question de l'Union monétaire. Ainsi, les premières élections libres en RDA se sont réalisées sur la négociation de l'Union monétaire ; donc sur une motivation économique et sociale. Le groupe d'opposition qui a travaillé pour le changement n'a récolté que 5% des voix exprimées ! Un nouveau vent commence à souffler Le régime s'est avéré trop faible pour mettre en place de nouvelles institutions. Les gens ne croyaient plus dans ses capacités à assurer le changement. La RFA a commencé à s'intéresser de plus près à ce qui se passe à l'Est. À l'issue des élections, c'est une grande coalition qui a été constituée pour négocier avec la RFA une union monétaire et ainsi introduire le deutsch mark en RDA. En ce qui concerne la réunification, l'idée qui a prévalu au départ, était la création de nouveaux landers et chacun choisit séparément l'intégration à la RFA. En 1990, les partis politiques ont fusionné entre Est et Ouest, à l'exception du Parti communiste et de l'Alliance démocratique qui s'est ralliée aux Verts. Le 1er juillet 1990 marque la naissance de l'Union monétaire. De nouveaux problèmes économiques vont apparaître, notamment, le choc de réévaluation. Les clients en RDA et dans les autres pays de l'Europe de l'Est trouvaient les produits chers et de moindre qualité compte tenu de la valeur du mark. Ils disaient : à ce prix autant acheter à l'Ouest. Il s'en est suivi une très forte perte des marchés à l'export et même sur le marché intérieur. Le taux de chômage a atteint 20%. L'accélération du processus de transformation en RDA est différent des autres pays de l'Europe de l'Est. Il s'est réalisé sur la fusion entre partis politiques à l'Est et à l'Ouest. Les populations, bien que résignées pendant longtemps, ont trouvé une motivation par référence au niveau de vie en RFA, devenu plus perceptible avec l'apport et l'appui des médias à l'Ouest. La mobilisation pour le changement dans cette expérience doit beaucoup au soutien des médias et des partis politiques à l'Ouest ainsi que l'attrait d'un niveau de vie meilleur et perceptible. À jeudi prochain. Entre-temps, débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. À la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme !