Désormais, les abus sur les enfants mineurs feront l'objet d'enquêtes approfondies et de médiation sociale. Et si pour le moment le programme national de protection de cette frange de la société n'est pas encore généralisé pour toucher l'ensemble des institutions en charge du dossier, c'est surtout à cause des approches caduques et loin de répondre aux attentes d'une enfance en souffrance et qui tend à devenir au fil du temps une proie facile d'une société qui s'implique de moins en moins dans l'encadrement de ses enfants. Face à cette situation aussi complexe, la Gendarmerie nationale a décidé de lancer huit grandes sections, toutes basées au niveau des groupements de wilaya, afin d'assister une enfance en danger. C'est ainsi que la proposition du commandement de la GN a eu un feed-back sans ambages au niveau institutionnel pour qu'un décret ministériel vienne régir ces unités spécialisées. Selon le commandant des écoles et de la formation de la GN, le colonel Youcef Boulesnane, ces huit sections qui seront basées dans les wilayas d'Alger, Annaba, Oran, Blida, Chlef, Tiaret, Médéa et Constantine, seront dotées d'un personnel qualifié, soit 8 personnes par unité. Cette ressource humaine sera initiée aux principaux modules, dont la médiation sociale, la communication, la psychologie, les fondements et les valeurs de la famille algérienne, les techniques d'écoute et la législation relative aux mineurs. Ces spécialistes auront plusieurs missions, dont la prévention et la protection des enfants exposés au danger dans les espaces publics, les écoles, les cités et les quartiers, les cybercafés et autres endroits hautement fréquentés par les mineurs. Un traitement spécifique sera ainsi accordé à chaque enfant, c'est-à-dire au cas par cas et touchera trois catégories de mineurs, dont ceux qui se rendent avec leurs parents pour exposer un fait avéré et qui nécessite une prise en charge spécialisée, ceux qui sont repérés sur les lieux publics par les gendarmes et qui ont besoin d'une assistance immédiate et, enfin, ceux qui sont arrêtés dans le cadre des affaires du droit commun, c'est-à-dire qui font partie de la population délinquante, notamment les auteurs de délits ou de crimes. Sachant que plus de 15 000 enfants mineurs font face au quotidien aux divers dangers, dont notamment le trafic et la consommation de stupéfiants, le vol, les agressions, pour ne citer que ces délits fréquents, la GN a mis en place ses unités dans l'esprit d'établir une médiation directe avec la société et la cellule familiale. La mission ne sera pas répressive mais pédagogique. L'objectif est d'arriver à canaliser ces laissés-pour-compte afin de les réinsérer. Ces unités interviennent après le succès des trois cellules d'écoute et d'orientation lancées par la GN à Alger, Annaba et Oran et autrefois supervisées par le colonel Abderrahmane Ayoub, l'actuel chef de cabinet au CGN. Signalons que le procureur de la République chargé des mineurs, au même titre que les parents de ces enfants, sera informé en temps réel du déroulement de chaque procédure pour que la médiation sociale garde son caractère de prévention et de protection.