La pièce Sidi El Haloui montée par l'atelier-école du Théâtre régional de Mascara, écrite par le professeur Ahmed Hammoumi et mise en scène par Ahmed Benaïssa a été présentée à la maison de la culture Abdelkader-Alloula dans le cadre de la manifestation Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011. Associant une quarantaine de comédiens venus de plusieurs localités comme Alger, Oran, Nédroma, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès, Sétif et Hammam Bouhadjar, la pièce décrit en une heure dans le style halqa et une distribution subtilement distillée, l'histoire tragique d'Abou Abdallah Achoudhy qui vécut au début du XIIIe siècle à Tlemcen où, abandonnant son statut de juge à Séville, il décida, dans ses habits en haillons, d'aller à la rencontre des pauvres gens pour prodiguer la bonne parole et distribuer des confiseries aux enfants d'où son pseudo El Haloui. A telle enseigne que le roi mérinide Abou Hassan Ali, fasciné par son savoir et sa culture, lui confia ses enfants pour assurer leur éducation civique et religieuse. Le tumultueux et rusé vizir du souverain, craignant que Sidi El Haloui lui ravisse son poste, créa de toutes pièces un subterfuge pour l'accuser de sorcellerie ce qui amena le sultan à le condamner en l'an 1354 à la décapitation. Selon une légende, le gardien de l'une des portes d'entrée de la ville entendit le soir même de l'exécution du juge de Séville une voix d'outre-tombe lui dire : “Gardien, ferme vite la porte, tout le monde est rentré et il ne reste que Sidi El Haloui, victime de l'injustice”. Le sultan mérinide ayant été informé de ce phénomène voulut lui-même en avoir le cœur net et entendit effectivement cette voix venue de l'au-delà. Il comprit alors son erreur et condamna le vizir à être emmuré vivant et fit construire un mausolée à titre posthume à la mémoire de Sidi El Haloui. La pièce qui est un véritable puzzle qu'a su admirablement dénouer Ahmed Benaïssa à travers le jeu festif de ses comédiens, mis en valeur grâce à leurs costumes d'époque (une centaine au total), les ombres chinoises projetées sur la scène, le style Alloula à travers le goual qui distribue le rôle à chacun dans un langage populaire accessible a tous. Ahmed Hammoumi, auteur de la pièce, souligne “qu'avec le peu d'information dont on dispose sur cette personnalité, je n'ai eu pour seul recours que de me référer à quelques éléments d'histoire et à la légende populaire, aidé en cela par mon imaginaire pour combler les vides”.