C'est dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» que l'un des saints de la perle du Maghreb a été ressuscité le temps d'une représentation théâtrale produite par le Théâtre régional de Mascara. Il s'agit de Sidi El Haloui, de son vrai nom Abou Abdellah Echoudy, très connu à Tlemcen. Sidi El Haloui doit sa popularité à son comportement exemplaire et à sa fin tragique. Mise en scène par Ahmed Benaïssa, la pièce théâtrale Sidi El Haloui a été réalisée après un casting ayant sillonné l'ouest du pays à la recherche de comédiens amateurs, ce qui donne à cette production le statut d'expérience, que ce soit au niveau de son équipe que de sa mise en scène. Réunis à l'entrée de la maison de la culture de Tlemcen, le conteur Kada Bensmisha s'est chargé de rassembler la foule en distribuant des bonbons. A ses côtés la troupe Ahl Diwan de Tlemcen met de l'ambiance aux rythmes des karkabous. Le conteur attise la curiosité des gens en leur parlant du saint Sidi El Haloui. Hommes, femmes et enfants sont rassemblés autour du conteur qui les invitera par la suite à entrer dans la salle pour assister au spectacle. La foule est nombreuse. On se bouscule même pour y entrer. Une fois dans la salle, le calme s'installe. Vêtu d'une longue djellaba blanche, Sidi El Haloui fait son apparition sur scène. Entouré d'une dizaine d'enfants, le saint leur distribue des bonbons tout en leur inculquant les principes de la vie en société. Très apprécié par les bambins, le saint jouit d'une grande notoriété dans la ville qui lui reconnaît une grande sagesse. Andalou de Séville, Sidi El Haloui abandonne tout ce qui lui était cher et débarque à Tlemcen en 1266. Arrivé en tenue de derviche, le saint observe une véritable quête spirituelle et décide de consacrer le reste de sa vie au service d'autrui. Il gagnera très vite les cœurs de la population. Sa réputation atteindra très vite l'oreille du prince Abou Ziane Mohamed, qui lui confie l'éducation de ses deux enfants. Mais dans un milieu d'hypocrisie, de suspicions et de magouilles, le rapprochement entre le saint et le prince est traduit comme une menace pour les autresresponsables. Inquiets, les responsables tiendront une réunion secrète pour trouver une solution à ce dilemme et éliminer Sidi El Haloui. En premier, ils tenteront de l'intimider par l'intermédiaire d'un imam corrompu. Mais la population s'interposera. Les responsables accuseront alors Sidi El Haloui de sorcellerie. Furieux, le prince, sans trop réfléchir, ordonne l'exécution du saint. Sidi El Haloui est décapité et son corps est jeté en dehors de la ville. Après cette exécution tragique et injuste, des manifestations paranormales sont observées. Le gardien de la ville jurera avoir entendu une voix réclamer justice pour Sidi El Haloui au moment où il allait fermer les portes de la ville. Informé, le roi se déplace et entendra lui aussi cette voix. Regrettant sa décision, le roi bâtira par la suite un édifice à la mémoire de Sidi El Haloui et ordonnera d'enterrer vif son assassin.Au-delà du mythe très connu du saint, la mise en scène de la pièce s'est distinguée par son originalité. Présentée par le jeune conteur Ben Ouari Slimane, la pièce est une succession de tableaux, de situations accompagnées par la douce voix de la chanteuse d'andalou Wafa Arif. On relèvera également l'occupation totale de l'espace, même au-delà de la scène. En effet, dans certains tableaux, les comédiens sont arrivés par les portes de la salle. On citera la scène du marché dans laquelle les comédiens déambulaient dans la salle, au milieu du public, en vendeurs à la criée, comme dans un véritable souk, sous les regards amusés des spectateurs. Certains comédiens se sont même mêlés au public avant d'intervenir dans une scène, donnant à l'assistance l'impression de faire partie de la représentation. Un autre bon point ira aux costumes confectionnés par le scénographe Halim Rahmouni. Véritable spectacle populaire interprété tantôt en arabe classique, tantôt en dialecte tlemcénien, Sidi El Haloui a marqué des points et charmé le grand public qui a salué le retour de ce genre théâtral. W. S.