Mis en œuvre depuis le 1er juillet dernier, le plan d'action pour la décongestion de la ville de Tizi Ouzou, qui a impliqué la délocalisation des 7 stations de la ville ainsi que de la gare routière vers les 5 stations intermédiaires et les trois pôles multimodaux, situés pour la plupart à environ 3 kilomètres de la ville, n'a pas manqué de révéler des défaillances qui ne rendent pas seulement des plus pénibles les déplacements des usagers de la Haute Kabyle qui veulent rallier la ville de Tizi Ouzou mais qui laissent même douter des intentions des pouvoirs publics à travers la mise en place d'un tel projet. Si les usagers des localités de Larbâa Nath Irathen, Irdjen et Fréha peuvent encore se réjouir du prolongement, de deux mois, du délai de la délocalisation de leur station en raison du non-achèvement de la station de Oued Aïssi, les usagers de toutes les autres localités de Haute Kabylie souffrent déjà le martyre en faisant face à une prise en charge des plus aléatoires de leurs déplacements et à une tarification qui dément formellement celle annoncée par le premier responsable du secteur dans la wilaya, Kamel Rezigue. Dans la station de Béni Douala, 3 km à la sortie sud-est de la ville du centre-ville de Tizi Ouzou, des fourgons arrivent presque en fil. Ils arrivent des Ouadhias, Ouacifs, Béni Douala, Iboudrarène et autres localités. La gare s'avère très exiguë pour accueillir autant de véhicules en stationnement. Des centaines de citoyens attendent, pour certains sous les quelques abribus transparents et la majorité sous un soleil déjà tapant à cette heure-ci, l'apparition d'un bus de l'Etuto. Même décor à la station du pont de bougie qui accueille les fourgons de plusieurs localités du nord-est de la wilaya. Lors d'un récent point de presse, le directeur des transports avait annoncé 30 bus pour assurer les navettes entre le centre-ville et ces gares avec une rotation chaque 10 minutes et de renforcer avec les bus privés en cas de nécessité. Ce qui ressemble plutôt à un leurre aux yeux de l'usager. “J'attends ici depuis plus d'une heure et le bus n'arrive toujours pas”, commente une jeune femme qui perd patience en jetant un coup d'œil sur sa montre qui annonce déjà qu'elle est en retard pour son travail. “Qu'est-ce que vous en pensez si on part à pied au lieu d'attendre ces fantôme de l'Etuto !” demande un jeune à ses accompagnateurs. Une heure et dix minutes après, le bus en question arrive. Il est vite assiégé. Plein à craquer. Il repart sous le regard de quelques policiers en stationnement, aux abords de la route, à proximité de la gare où il s'adonne à la chasse aux transporteurs récalcitrants qui s'entêtent à rejoindre leur ancienne gare. À l'intérieur du bus commencent les chamailleries entre usagers et le receveur. “Je ne paye pas 15 DA par principe ! Où sont les abonnements annoncés”, répond une femme, la cinquantaine, au receveur qui la menaçait de la livrer aux policiers. D'autres encore refusent de payer mettant en avant, pour certains le fait que c'est un surcoût inutile, et pour d'autres, le fait qu'ils ne trouvent point où s'abonner. Ainsi, l'usager ne doit pas se contenter seulement de s'armer de beaucoup de patience et prévoir du temps supplémentaire pour arriver à temps en ville mais il doit aussi mettre désormais davantage la main à la poche et vivre sa journée avec la hantise de ne pouvoir trouver un bus le soir tant à partir de 17h les dessertes vers les gares périphériques se font de plus en plus rares. Pour le directeur des transports, “cela relève du développement de la wilaya et nous ne pouvons pas aller à contre-courant du développement, ce projet est mis en place dans l'intérêt général du citoyen”.