Pourquoi je vous raconte cette histoire ? D'un ciel d'Allah bleu, haut et clément, par un jour nuageux d'automne, il est tombé sur le désert. Un désert des déserts. Il est né en automne. Ce n'est pas à cause de cela qu'il aime cette saison. Ce lieu muet ne ressemble qu'à “Roubaê al khali” (le quart vide). Même s'il est né au bord de la mer, le désert l'a toujours fait rêver. Il n'a jamais mis les pieds sur le sable du Roubaê al khali. Enfant, il était vendeur d'ombres sur les plages, durant les saisons estivales. Des ombrelles pour les touristes. Un beau métier : vendre les ombres ! Aujourd'hui, il a pris, pour lui, le soleil de plomb en parasol !! Il s'est installé dans ce nulle part. Une mer de sable doré, étalée dans son jaune, sans bords et sans fins. Contrairement à la vieille femme du village, il ne savait pas lire sur le sable ! Et elle ne savait pas lire sur les cahiers scolaires, mais, parfaitement, elle excellait dans l'alphabet du sable ! Ni tifinagne, ni arabe, ni latin ! Face à ce néant, il pense aux parfaites gens qui savent voyager, lire les secrets inscrits sur la paume du désert et distinguer les directions et les chemins labyrinthiques sur le sable vivant. Puis, il s'est rendu compte qu'il n'est ici que pour accomplir une mission. Il commence à creuser un trou dans le cœur du sable chaud. La main dans le cœur du sable, sa chaleur ressemble à celle d'un cœur passionné et affectueux. Pourquoi creuser un trou ? Et pourquoi racontai-je cette histoire ? Il récitait, tout en creusant la poche dans le sable animé, tantôt de la poésie, tantôt du rien. Soudain, dans ce désert incommensurable, la vieille femme, la liseuse du sable, pointa à sa tête. Fascinée ou intriguée par sa présence surprenante dans ce néant, dans ce silence explosif, elle l'a regardé. Il l'a regardée, le visage illuminé. Elle montait le dos d'un méhari. Il ne sait pas pourquoi est-ce que la méhariste l'a fait penser tantôt à Tinhinane tantôt à Kahina. Un instant, puis elle hocha la tête, lui demandant : - Qu'est-ce que vous faites dans ce brouhaha de silence ? - Je ne sais pas lire sur le sable. - Mais pourquoi creusez-vous ce trou ? - Je cherche un trésor. - De quel trésor, parlez-vous ? - Un grand trésor qu'un certain Apulée de Madaure, écrivain du premier roman L'ne d'or et arrière-arrière-grand-père de Kateb Yacine avait enseveli dans la matrice féconde de cette terre noble, il y a de cela quelque dix- huit siècles. Peut-être un peu plus, peut-être un peu moins ! - Pour trouver votre trésor, vous auriez dû solliciter un repère ! dit la vieille femme ; un palmier, une borne ou une montagne ! - Si, ils m'ont recommandé un repère. - Lequel, mon fils ? - L'ombre de ce nuage, là haut. D'un regard profond, la liseuse du sable fixa le jeune homme et poursuivit son chemin. Lui, il a examiné le ciel élevé et éclatant. Il était chimère ! Et il s'est arrêté de creuser le mensonge. A. Z. [email protected]