“Nous sommes tissés de l'étoffe dont sont faits nos rêves” W. Shakespeare D'un ciel bleu d'Allah, haut et clément, par un jour d'automne, je suis tombé dans ce désert ; un désert des déserts. Le lieu muet ne ressemble qu'à “Roubaê al Khali” (le quart abandonné).En enfant serein et réfléchi, j'ai pris le grand soleil en parasol !! le silence en musique, et je me suis installé dans ce nulle part. Je médite sur cette mer de sable sans bords et sans fins, étendue dans son jaune qui ne ressemble à aucun autre jaune. Et je pense à ceux qui savent voyager, lire la paume du désert et distinguer les pas des nuages sur ce sable en chair vivante. Puis, je me suis rendu compte que je ne suis ici que pour accomplir une mission. Donc je commence à creuser un trou dans le cœur du sable chaud. Ma main dans le cœur du sable, sa chaleur ressemble à celle d'un cœur passionné et affectueux. - Pourquoi creuser un trou ? Certes, je ne cherche pas les babouches d'El Moutanabbi, restés dans ce désert, après son assassinat par ses jaloux rivaux. Je lis, en creusant cette poche dans ce sable animé, tantôt de la poésie, tantôt quelques pages du roman Nedjma de Kateb Yacine ou quelques passages de Al Imtaê wa al Mouanassa (plaisir et accompagnement) de Abou Hiyyane Attawhidi…Soudain, dans ce silence absolu, de ce désert infini et incommensurable, un Touareg pointa à ma tête. Troublé par ma présence surprenante dans ce néant, sur un ton sage, me salua dans sa langue tamazight sculptée par la grande histoire de la résistance, de chants d'amour et de contes hallucinants. Je le regarde, le visage illuminé, il était sur le dos de sa chamelle blanche comme un prince ou un prophète. Je ne sais pourquoi l'homme bleu m'a fait penser au prince-poète égaré cheikh Muhand u Muhand. Un silence, puis il hocha la tête, me demandant : - Qu'est-ce que tu es en train de faire ici, dans ce rien de rien ? - Je lis quelques pages du livre des traces des gens oubliés qui ont hanté cette terre, et je creuse un trou. - Mais pourquoi creuser ce trou ? - Je chercher un trésor. - Un trésor ? - Un trésor unique qu'un certain Apulée de Madaure, écrivain de l'Âne d'or, premier roman dans toute l'histoire de la littérature universelle et arrière-arrière-grand-père de Kateb Yacine, avait enfoui dans la matrice féconde de cette terre noble, il y a de cela quelque dix-huit siècles, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins ! qu'importe. - Mais tu devrais prendre un signe avertisseur pour le repérer : une pierre tombale, un dessin rupestre, ou une montagne ! - J'ai pris mon repère au trésor, lui dis-je. - Quel repère, mon fils ? - Cette étoile, là-haut. Et j'ai regardé le ciel. L'homme bleu me fixa d'un regard triste et profond et continua son chemin. Je regarde le ciel, là-haut. J'ai cherché mon étoile-repère, elle était menteuse et mensongère. Elle était chimère ! Je me rendais compte que je creusais dans ma tête, pas dans le sable. Et j'ai arrêté de creuser le mensonge. A. Z. [email protected]