Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a confirmé les dissensions au sein de l'OTAN sur l'intervention en Libye, rappelant qu'il était contre l'initiative franco-britannique dès le début. “J'étais contre cette initiative, comme chacun sait”, mais “j'étais tenu par le vote du parlement de mon pays”, a-t-il déclaré. “J'étais contre et je suis contre cette intervention qui finira d'une manière que nul ne connaît”, a-t-il ajouté, quelque peu sceptique, avant de préciser que la France et la Grande-Bretagne ont forcé la main à son pays. Des bases italiennes sont utilisées par des avions de l'OTAN, mais les forces italiennes ne participent pas directement aux bombardements. Silvio Berlusconi n'a pas dit que son pays allait cesser sa collaboration dans cette opération mais le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa, a annoncé que les dépenses liées à l'engagement de l'Italie auprès des alliés allaient baisser de plus de la moitié. Ainsi, le ministre a dévoilé que le porte-avions italien Giuseppe Garibaldi a été retiré du terrain des opérations. Silvio Berlusconi a fait l'éloge de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a accepté d'intervenir dans le cadre de la zone d'exclusion aérienne mais qui a refusé, au cours d'une réunion de l'OTAN tenue le 19 mars, d'impliquer son pays dans les raids aériens contre les forces armées de Kadhafi. Il a déclaré en outre avoir posé des questions très précises, lors du dernier sommet de Bruxelles, au président français Nicolas Sarkozy et au Premier ministre britannique David Cameron, les deux principaux initiateurs de l'intervention en Libye. “La réponse a été que la guerre se terminerait quand il y aurait, comme on s'y attend, une révolte de la population de Tripoli contre le régime actuel”, a-t-il conclu, avec une ironie à peine dissimulée. Le fait est que le soulèvement de Tripoli n'a pas eu lieu, et malgré quelques avancées des insurgés sur le terrain grâce à l'appui soutenu de l'aviation de l'OTAN, le dirigeant libyen n'abdique pas. Au contraire, des voix s'élèvent, de plus en plus nombreuses y compris au sommet de la hiérarchie de l'OTAN, pour dire qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit libyen. En tout cas le sujet divise de plus en plus au sein de l'Alliance atlantique comme en témoignent les dernières critiques de la Grande-Bretagne à l'égard de la France pour avoir largué des armes au profit des insurgés, sans en référer à ses alliés. Après avoir tant bien que mal tenté de justifier la légalité de leur initiative en s'appuyant sur une lecture orientée des résolutions de l'ONU, les dirigeants français se sont engagés à ne pas répéter l'opération. Le recul français dans cette affaire, intervenant après une offensive diplomatique de la Russie et de la Chine, mais aussi une dénonciation de nombreux pays africains et la réprobation de certains alliés, sonne comme un mea culpa. Certes, le dirigeant libyen et son régime sont de plus en plus isolés depuis le début du soulèvement de la population à Benghazi. Mais, au sein de l'Alliance les choses ne vont pas pour autant pour le mieux. La participation mi-figue, mi-raisin des Etats-Unis à l'opération avec un Obama en grande difficulté avec le Congrès sur le sujet, la réticence de l'Allemagne et maintenant de l'Italie, le retrait annoncé de certains alliés, le coup de colère de la Grande-Bretagne après la fourniture clandestine d'armes aux insurgés marquent la singularité de la France dans ce dossier. Ne sont-ce pas, déjà, les prémices d'un isolement lorsque viendra l'heure des inévitables négociations ?