La 1re édition du championnat professionnel de football de Ligue 1 n'a pas été à la hauteur des espérances nourries, avec un niveau technique “au-dessous de la moyenne”, affirment unanimement plusieurs techniciens algériens, contactés par l'Aps. Au bout d'un parcours marathonien, la Ligue 1 professionnelle vient de connaître son premier champion, l'ASO Chlef en l'occurrence, qui a survolé la saison 2010-2011, avec à la clé un écart considérable de 13 points sur son dauphin, la JSM Béjaïa. Le club chélifien a succédé au MC Alger, auteur d'un parcours plus que décevant, et dont le maintien n'a été assuré que lors de la 30e et dernière journée, au grand dam de ses nombreux fans. Au bas du classement, les équipes de l'USM Annaba, l'USM Blida, et le CABB Arréridj, joueront la saison prochaine en Ligue 2, à l'issue d'une saison à mettre aux oubliettes pour ces trois formations. “Je pense que le niveau de ce premier championnat, sous l'ère du professionnalisme, est tout juste moyen. Rien n'a changé par rapport aux précédentes éditions, c'est uniquement l'appellation qui a pris un nouveau nom”, a indiqué à l'Aps, Méziane Ighil, sacré champion d'Algérie avec l'ASO Chlef, et ce, pour la première fois dans l'histoire du club de l'Ouest. L'ancien sélectionneur national estime que le championnat version 2010-2011 est transitoire et qu'il faudra attendre les prochaines années pour concrétiser le vrai professionnalisme. “Les clubs et les joueurs ont été confrontés à une nouvelle mentalité, un nouveau mode de gestion, d'où la nécessité de leur laisser un peu le temps pour s'habituer à ces nouvelles donnes”, a t-il ajouté. Appelé à se prononcer sur le sacre de son équipe, Méziane Ighil parle du changement de l'ordre établi. “C'est bien, l'ASO Chlef est venue titiller les grosses cylindrées et accomplir sa route calmement vers le titre, je pense que nous avons réussi à bousculer la hiérarchie et s'ajouter à la liste des clubs qui jouaient pour le titre. J'estime que nous avons été récompensés de nos efforts consentis tout au long de la saison”, a-t-il affirmé. De son côté, l'entraîneur de la JSM Béjaïa, Fouad Bouali, qui a conduit son équipe à la deuxième place au classement général, estime que plusieurs paramètres ont fait que le premier championnat professionnel ait manqué son objectif. “Il faut oublier ce championnat et penser à celui de la saison prochaine. Il n'y avait rien à voir, tellement le spectacle était moyen pour ne pas dire faible, mais il faudra chercher les raisons dans la programmation démentielle ainsi que la violence dans les stades qui ont eu raison de cette première édition”. “Le parcours a été très long, ce qui a fait que le joueur ne pouvait pas donner le meilleur de lui-même, en plus la bête immonde de la violence dans nos enceintes, traduite par les incalculables matches à huis clos, a fait que plusieurs rencontres ont perdu leur saveur, au grand dam du public”, a-t-il enchaîné. Voulant se projeter vers l'avenir, Fouad Bouali, bien parti pour rester à la JSMB, estime que tous les acteurs du football national doivent “assumer leurs responsabilités”, en vue de réussir le prochain exercice qui devra être, selon Bouali, celui du véritable professionnalisme. L'ancien entraîneur de l'USM Alger au début de la saison écoulée, Noureddine Saâdi, parle de “non-respect de l'éthique sportive”, notamment lors des dernières journées, ce qui a fait tache d'huile lors de ce premier championnat professionnel. “Malheureusement, le jeu de coulisses dans ce championnat a prévalu aux dépens de celui du terrain, et que la Fédération et Ligue nationale ne pouvaient rien faire, je pense qu'il faut absolument évoquer ce phénomène avant de parler du niveau moyen de la saison footbalistique”, a t-il relevé, précisant qu'il avait déjà proposé du temps où il exerçait les fonctions de directeur technique national (DTN) au sein de FAF, de prévoir “un barragiste pour limiter le jeu des coulisses”. Concernant le niveau technique du championnat, Noureddine Saâdi, dresse un constat mi-figue mi-raisin. “Certes, il y a eu des matches très disputés ou le niveau a atteint un certain degré, mais de manière générale, ce n'était pas fameux. Ce qui m'a déçu par contre, c'est le visage pâle affiché par le champion et son dauphin de la saison dernière, en l'occurrence le MC Alger et l'ES Sétif, qui ont été tout simplement mal gérés techniquement et administrativement, ce qui est déplorable pour ces deux locomotives du football national”. Saâdi estime que le titre de champion décroché par l'ASO Chlef lui va bien. “L'équipe de Chlef mérite amplement son sacre, elle a été incontestablement la plus stable et la plus régulière depuis le début de la saison. Le président Medouar a réalisé un excellent travail en protégeant notamment son club, et cela est tout à son honneur”. Concernant sa vision des choses sur la prochaine édition, Noureddine Saâdi, propose de “rendre encore plus sévères les règlements pour réussir un championnat professionnel digne de ce nom”. L'ancien entraîneur du MCE Eulma durant la deuxième moitié du championnat, Abdelkrim Bira, parle d'un niveau technique “en dessous de la moyenne”. “Il ne faut pas se voiler la face, le niveau de l'exercice qui vient de s'achever a été en dessous de la moyenne, avec cinq clubs qui jouaient le haut du tableau, alors que le reste luttait pour son maintien ce qui reste unique dans les annales du football algérien”, a estimé Bira. Abdelkrim Bira, passé notamment par l'AS Marsa (div. 1 tunisienne), pense que le championnat 2010-2011 peut être divisé en deux parties, “les sept premières journées de la saison n'ont pas donné un aperçu du niveau de chaque équipe, personne n'a réussi à sortir du lot et le niveau était pratiquement le même, mais à partir de la 8e jusqu'à la 25e journée, on a vu le véritable niveau des clubs et le fossé qui s'est établi entre eux”, a t-il ajouté. Toutefois, Abdelkrim Bira, estime, à l'instar de Noureddine Saâdi, que le jeu de coulisses a prédominé lors des cinq dernières journées. “Les tractations de coulisses ont eu raison de la compétition sportive, c'est un avis partagé par tout le monde. C'est un phénomène qui a malheureusement gangrené le football national”. Sur la deuxième édition du championnat professionnel, dont le coup d'envoi est prévu le 10 septembre, Bira estime que la FAF et la toute nouvelle Ligue professionnelle (LFP), doivent s'investir “sur l'homme”. “Les instances dirigeantes du football algérien doivent s'investir sur l'homme, c'est-à-dire joueur, entraîneur, et dirigeant, pour apporter un véritable coup de fouet au professionnalisme”, a affirmé Bira, qui estime que l'arbitrage “a failli quelquefois dans sa mission”, lors de l'exercice écoulé.