Les Etats-Unis, qui ont contribué à juger plusieurs chefs d'Etat pour crimes de guerre et contre l'humanité, sont sollicités aujourd'hui par une ONG défendant les droits de l'homme pour en faire de même avec l'un de leurs anciens présidents, George W. Bush en l'occurrence, accusé d'avoir autorisé la torture durant ses deux mandats. Ayant reconnu dans ses mémoires avoir autorisé les agents de la CIA à recourir à des techniques d'interrogatoires poussées, considérées comme de la torture, l'ancien président américain George W. Bush, fait l'objet d'une demande adressée par l'ONG Human Rights Watch à Barack Obama visant à le traduire en justice. Dans un rapport publié mardi, sous le titre “Torture et impunité : l'administration Bush et les mauvais traitements infligés aux détenus”, l'ONG américaine Human Rights Watch appelle Obama à ouvrir une “enquête criminelle” pour crimes de guerre et torture suite aux exactions commises par l'Administration Bush entre 2001 et 2009. En effet, se basant sur la réponse à l'ancien directeur de la CIA, “George Tenet m'a demandé s'il avait la permission d'utiliser des techniques d'interrogatoire plus efficaces, comme le simulacre de noyade, pour faire parler Khalid Sheikh Mohammed…” - “Bien sûr que oui”, ai-je répondu, l'ONG de défense des droits de l'homme demande à Barack Obama d'ouvrir une “enquête criminelle” contre son prédécesseur. Dans ce document de 107 pages, Human Rights Watch dénonce les exactions commises sur des prisonniers durant le mandat présidentiel de George W. Bush, de janvier 2001 à janvier 2009, au nom de la lutte contre le terrorisme. Le rapport de Human Rights Watch détaille avec minutie les humiliations et exactions commises aux quatre coins de la planète. Privations, viols, passages à tabac, les faits sont édifiants. “Des détenus en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo ont enduré de mauvais traitements pendants des semaines, voire, parfois, des mois. Ces traitements incluaient la privation d'eau, de nourriture, de sommeil, la nudité forcée, l'exposition à des températures extrêmement froides ou chaudes, la mise en isolation dans le noir complet avec des musiques jouées à plein volume pendant des semaines.” Tout en indiquant qu'il n'y avait rien de neuf, reconnaît, car les “les faits sont connus et indiscutables”, Reed Brody, le porte-parole de Human Rights Watch a estimé lors de l'entretien accordée à la chaîne d'informations France 24, qu'au regard de la multiplication des preuves et des confessions, l'ONG exhorte aujourd'hui publiquement l'Administration Obama à ouvrir une enquête criminelle contre l'ancien président américain et plusieurs de ses ex-collaborateurs. Reed Brody a affirmé : “Nous avons examiné des milliers de documents, des rapports d'enquêtes, des autobiographies des acteurs principaux et nous sommes arrivés à la conclusion qu'il y avait des preuves solides qui justifiaient l'ouverture d'une enquête criminelle pour crimes de guerre et actes de torture.” Selon lui, sur le banc des principaux accusés, il y a l'ex-président George W. Bush, bien sûr, mais aussi l'ancien vice-président Dick Cheney, l'ancien secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, et l'ancien directeur de la CIA, Georges Tenet. Pour Human Rights Watch, il ne s'agit pas de tant démontrer que ces personnes ont eu recours à la torture, car George W. Bush lui-même l'a reconnu, mais plutôt de mettre l'accent sur la manière dont l'Administration a perverti le système pour légaliser ces pratiques. “Toutes ces personnes ont fait pression sur le département de la Justice, ont réalisé des montages juridiques complexes, pour tenter de justifier leurs crimes, et pouvoir affirmer que leurs actes de tortures étaient légaux”, accuse Reed Brody. “Dick Cheney était peut-être le principal instigateur de l'élaboration des politiques illégales de détention et d'interrogatoire mais c'est Bush qui, six jours après le 11 Septembre, a ouvert la boîte de Pandore en autorisant la CIA à ouvrir des prisons secrètes. C'est lui l'exécutant”, souligne le porte-parole de HRW. L'ONG en appelle donc à la responsabilité de Barack Obama, en précisant qu'il n'y a que l'Etat, que “le Président qui puisse ouvrir des poursuites”. La preuve, jusqu'à présent, les victimes ayant intenté des actions en justice ont systématiquement vu leurs plaintes rejetées.