Le président américain George W. Bush a signé hier une loi controversée autorisant les méthodes agressives d'interrogatoire contre les suspects de terrorisme, leur détention dans des prisons secrètes à l'étranger et leur jugement par des tribunaux militaires. Cette signature, ont rapporté les agences de presse, a ravivé l'indignation des organisations de défense des droits de l'homme. Pour elles, la loi rompt avec la grande tradition américaine de protection de la dignité humaine. La loi est déjà contestée devant les tribunaux. Environ 200 personnes ont manifesté devant la Maison-Blanche au moment de la signature d'un texte qui « fait honte à l'Amérique ». De son côté, George Bush a assuré que la loi « contribue à la sécurité du pays », qu'elle est « conforme à l'esprit et à la lettre aux obligations internationales de l'Amérique » et que « les Etats-Unis ne pratiquent pas la torture ». Grâce à elle, les hommes soupçonnés d'avoir « orchestré l'assassinat de 3000 innocents vont être jugés », a-t-il ajouté. Parmi eux figure le cerveau présumé des attentats du 11 septembre, Khalid Cheikh Mohammed. M. Bush a insisté sur la préservation d'un « instrument vital », qui est aussi l'un des plus controversés aux Etats-Unis mais aussi à l'étranger : le programme d'interrogatoires menés par la CIA dans des prisons en dehors de ses frontières et recourant à des méthodes qui, selon leurs détracteurs, confinent à la torture. L'on précise que la loi prémunit les prisonniers contre les abus flagrants. Mais elle laisse à M. Bush un large pouvoir d'interprétation des règles internationales. C'est ainsi que la loi dénie aux prisonniers les recours sur les conditions de leur détention. Quelques semaines seulement après avoir annoncé le transfert au camp de Guantanamo de 14 des plus éminents suspects de terrorisme maintenus au secret pendant des années, le président américain a souligné que ces hommes pourraient être jugés, grâce à la nouvelle loi, par des tribunaux militaires. Des droits reconnus par la justice ordinaire leur sont refusés. La nouvelle loi n'exige pas le concours d'un avocat. Mais M. Bush a assuré que ces tribunaux, dénoncés par la Cour suprême comme anticonstitutionnels en juin dernier faute de législation obtenue entre temps du Congrès, sont « légaux, ils sont justes et ils sont nécessaires ».