Cette perte de valeur de la monnaie a enflé la dette extérieure. L'évolution du marché interbancaire de change au cours du premier semestre 2003 a été globalement défavorable à la monnaie nationale. La dépréciation la plus importante du dinar a été enregistrée par rapport à l'euro. Elle est de 18,9%, souligne la note de conjoncture du premier semestre 2003 publiée par le ministère des Finances. Cette forte appréciation de l'euro par rapport au dinar a induit un renchérissement des importations de la zone euro et un gonflement non seulement de l'encours de la dette extérieure exprimée en dollar américain, mais aussi de son service. Selon ce document, le profil des finances publiques a été caractérisé, au cours du premier semestre, par un solde global du trésor positif en excédent de 197,7 milliards de dinars à fin juin 2003, contre un déficit de 122,5 milliards de dinars à la même période de l'année précédente. Cet excédent a résulté d'une croissance des recettes budgétaires plus importantes que celles enregistrées par les dépenses budgétaires. Les recettes sont passées de 628,2 milliards de dinars à fin juin 2002, à 976 milliards de dinars à la même période de l'année 2003, soit une plus-value de 347,8 milliards de dinars, avec 55,4% de croissance. La hausse appréciable des recettes budgétaires est imputable principalement à l'évolution du produit de la fiscalité pétrolière. Celle-ci a bénéficié de la bonne tenue du cours moyen mondial du baril de pétrole durant le premier semestre 2003, ainsi que par l'évolution en volume des exportations globales d'hydrocarbures en augmentation de 7,5%. Le prix moyen d'exportation de pétrole s'est établi à 28,9 dollars le baril. Il a enregistré un mouvement à la hausse de 6 dollars par rapport au premier semestre 2002. Pour rappel, la loi de finances pour 2003 a été élaborée sur la base d'un prix de 19 dollars le baril. Les ressources ordinaires constituées principalement des recettes fiscales ont progressé de 16,3%, passant de 237,8 milliards de dinars, à fin juin 2002, à 276,5 milliards de dinars à la même période de l'année 2003. Les recettes fiscales ont augmenté en relation avec les évolutions positives des produits des douanes, des impôts sur les affaires et des contributions directes. Les produits des douanes ont augmenté de 21%. L'impôt sur les affaires a progressé de 18,3% au cours du premier semestre 2003. Cette croissance est principalement tirée par l'augmentation substantielle (+27,6%) du produit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à l'importation. Les contributions directes se sont établies, à fin juin 2003, à 60 milliards de dinars (+14%), générées par l'accroissement du produit de l'impôt sur le revenu global (IRG), suite à la revalorisation des salaires et indemnités des corps spécifiques, intervenue au dernier trimestre 2002. Le taux d'inflation, mesuré par l'indice général des prix à la consommation du Grand Alger, publié mensuellement par l'ONS, a enregistré au second semestre 2003, en moyenne, une quasi-stabilité (0,76%) par rapport au premier semestre 2002. Ce rythme est inférieur à celui enregistré au cours de la même période de l'année précédente (3,23%) et du premier semestre 2001 (2,2%). L'analyse de l'indice des prix à la consommation (IPC) par groupes de produits montre que l'inflation a été tirée, au premier semestre 2003, par les groupes de produits transports et communications (+2,36%), santé et hygiène corporelle (+1,41%), logement et charge (+1,22%) et en fin alimentaires (+0,93%). Elle a été atténuée par les groupes de produits meubles et articles d'ameublement (-0,61%) et habillement et chaussures (-0,21%). En glissement annuel, le rythme de l'inflation s'est situé, en revanche, à plus de 4,7%, réalisant ainsi 4 points de pourcentage de plus que l'évolution semestrielle. Concernant la sphère réelle, les prévisions de clôture donnent une croissance de 6,5%, note le document du ministère des Finances. Elle est tirée, essentiellement, par le secteur de l'agriculture, avec une croissance de 16% du volume de la valeur ajoutée, qui a pour origine, faut-il le noter, la forte pluviométrie enregistrée. Elle est aussi tirée par les hydrocarbures, 6,6% de croissance. Le BTP, en relation avec le plan de soutien à la relance économique, ainsi que les services connaîtraient des croissances appréciables, 7,5% pour le BTP et 6,7 pour les services. La note de conjoncture publiée par le ministère des Finances relève que le taux de réescompte auprès de la Banque d'Algérie a baissé de 5,5 à 4,5% à la fin du premier semestre 2003. Les taux débiteurs, en revanche, se sont stabilisés au niveau du premier semestre 2002, se situant dans une fourchette de 6,5 à 9%. M. R. Nouveau Scandale au Port d'Alger Des Climatiseurs déclarés à 20 Euros Après le scandale de l'importation de réfrigérateurs neufs, déclarés à 3 euros alors que leur valeur réelle est de 200 à 300 euros, le port d'Alger vient d'enregistrer une autre affaire de conteneurs sous fiscalisés. En effet, il s'agit de l'acquisition à l'étranger de climatiseurs d'une valeur de 300 euros déclarés à la douane algérienne à 20 euros, rapporte une source douanière du port d'Alger. L'affaire, découverte par les services de gendarmerie, selon la même source, porte sur une quarantaine de conteneurs. Ce sont des dizaines de milliards de centimes de taxes qu'on a tenté de dissimuler. La valeur de ces climatiseurs sur le marché local est de 6 millions de centimes/unité. Avec cette somme déclarée, le climatiseur neuf pourrait être écoulé à 3 000 4 000 dinars. Ce qui constitue une concurrence déloyale pour les fabricants locaux de climatiseurs. Selon la même source, les deux affaires sont liées. Il s'agirait du même importateur. Le même réseau de complicité aurait fonctionné pour cette importation de climatiseurs. À titre de rappel, ce sont les services de gendarmerie qui ont découvert que des milliers de conteneurs de téléviseurs avaient été sous déclarés sur des informations de producteurs locaux. Informé, le Chef du gouvernement a instruit l'affaire en justice. Les premiers résultats de l'enquête, ajoute la même source, mettent en cause des officiers de douane du port d'Alger. Les investigations sont en cours pour cerner les tenants et aboutissants de cette affaire. Sur la première affaire, le coût du fret était fixé à 17 dollars/unité. L'invraisemblable a été poussée au point que les frais de transport déclarés se sont avérés supérieurs au prix du téléviseur affiché dans la déclaration ! Il était, rappelons-le, de 20 dollars l'unité coût et fret. Ce courant de fraude qui s'est généralisé constitue un véritable danger pour la production nationale. De surcroît, le Trésor subit un préjudice à travers une nette diminution des entrées fiscales, dans un contexte de montée significative des besoins économiques et sociaux. N. R.