A mesure que le dollar américain se déprécie par rapport à l'euro, l'économie nationale continue à subir passivement l'impact des fluctuations de change sur le marché international. En effet, alors que la devise américaine évolue actuellement à son plus bas niveau historique par rapport à la monnaie européenne, il va sans dire que pareille conjoncture est de nature à peser systématiquement à la fois sur la facture des importations en provenance de la zone euro, mais également sur les charges de la dette extérieure contractée auprès des pays où la monnaie unique est en vigueur. Dans la matinée de samedi dernier, convient-il de noter, l'euro s'échangeait à 1,2963 dollar sur le marché des changes, contre 1,2973 la veille. En dépit des inquiétudes que suscite une telle distorsion de changes quant aux prévisions de croissance mondiale, le secrétaire américain au Trésor, John Snow, exclut toute action du gouvernement pour soutenir la devise américaine. Il est de ce fait à redouter une aggravation de l'état de déprime du roi dollar dont la parité face à l'euro semble dépendre en définitive de la seule évolution de la situation du marché. Le contexte étant ainsi défavorable à l'économie nationale, force est de mettre d'emblée en évidence l'inexplicable absence de toute évaluation officielle, ou encore de mécanismes des changes permettant de prévoir l'impact des fluctuations des devises-clés sur l'équilibre économique du pays. De l'avis même du premier argentier du pays, Abdelatif Benachenhou, les disparités des changes sur le marché international sont inexorablement et sévèrement pénalisantes pour l'économie nationale. S'exprimant il y a une année sur cette lancinante question, le ministre des Finances affirmait ainsi que toute appréciation de 15 à 20% de la valeur de l'euro par rapport au dollar américain « est un mini-séisme pour l'économie nationale ». De prime abord, il est à souligner que toute dépréciation de la monnaie américaine, qui est la principale monnaie de paiement sur le marché pétrolier, se traduit inévitablement par des pertes sèches en termes de recettes d'exportation d'hydrocarbures, dont on sait le poids sur l'équilibre de la balance commerciale de l'Algérie. A ces répercussions qui pèsent sur la valeur des exportations, vient encore s'ajouter l'effet défavorable de toute appréciation de l'euro sur la facture nationale des importations. Quelque 65% des importations algériennes proviennent en effet de la zone euro, et sont donc facturées en monnaie européenne unique. Ce faisant, la hausse de l'euro sur le marché international des changes induit non seulement un relèvement systématique de la facture des importations, mais aussi un renchérissement certain des prix sur le marché intérieur, où prédominent, pour ainsi dire, les produits d'importation. En sus de ces effets doublement pénalisants pour la situation de la balance des paiements, la revalorisation de la parité de l'euro entraîne également des coûts additionnels quant à la prise en charge des services de la dette extérieure. Celle-ci étant libellée à hauteur de 42% en monnaie européenne unique, il va sans dire que le poids des charges qu'elle charrie sur les avoirs extérieurs de l'Algérie reste étroitement lié à l'évolution des taux de changes sur le marché international. Commentant récemment l'impact de la dépréciation du dollar par rapport à l'euro, le ministre des Finances avait estimé que les réserves de changes de l'Algérie accusent ainsi une perte de quelque 20% de leur pouvoir d'achat.