Le ministère de la Justice a refusé de donner le véritable motif ayant justifié la mesure prise contre M. Menasria. Il reprocherait, de toute vraisemblance, selon certaines sources, au juriste d'avoir rompu l'obligation de réserve, ce qui s'apparente a priori à une faute. Pourtant, du côté des avocats et des magistrats, l'on s'accorde à dire que le procureur général adjoint n'a commis aucune faute, qu'elle soit d'ordre professionnel ou moral. En réalité, il n'a fait que transmettre au garde des Sceaux, par le biais de sa hiérarchie, une lettre dans laquelle il s'insurgeait contre l'utilisation, à son insu, de sa griffe sur l'arrêté de la chambre administrative de la Cour d'Alger portant interdiction de la tenue du congrès extraordinaire du FLN. Dans cette correspondance, M. Menasria a accusé ses pairs d'avoir fait usage de faux et a demandé à la tutelle d'enlever son nom de la notification du jugement rendu par la juge Benyoucef. Il n'a pas, personnellement, rendu publique sa lettre, ce qui devrait, dans l'absolu, le mettre à l'abri de sanction pour violation de l'obligation de réserve. “Cette correspondance a transité par de nombreux intermédiaires. Les fuites auraient pu intervenir à tous les niveaux”, confirme une source bien imprégnée de cette affaire. Elle indique que le ministre de le la Justice aurait demandé au concerné de publier, dans la presse, un démenti de ce qui avait été rapporté sur ses accusations. Il aurait, toutefois, refusé de se soumettre à cette “requête”. Il s'en est suivi sa traduction devant la commission disciplinaire. Fidèle à sa discrétion que lui reconnaissent volontiers ses proches, M. Menasria ne souhaite pas s'exprimer publiquement, même sur sa suspension de ses fonctions. S. H.