Le stade Tchaker est en passe d'acquérir une réputation internationale. Il passe pour avoir détrôné le stade du 5-Juillet depuis que l'EN y a assuré la qualification de la Coupe du monde en 2010. Ce stade présente de nombreux avantages : sa morphologie fait que son site influe favorablement (sur le plan psychologique) sur les joueurs (dont certains comme Matmour n'ont pas caché leur préférence pour ce stade), son organisation par l'Opow et la DJS avec des conditions d'accueil optimum, sa distance de l'aéroport d'Alger, sa proximité avec la capitale et, désormais, sa pelouse font de Blida la ville la mieux indiquée pour accueillir de grandes compétitions. C'est une pelouse de 8 960 m2 en gazon naturel dense, homogène et d'un beau vert tendre cultivé en hors sol sur substrat sableux, en Algérie – une première – plus précisément à Chebli (Blida) qui vient d'être achevée. L'image est saisissante ; elle suscite un réel plaisir généré par la fraîcheur qui émane de ce pré uniforme posé au milieu du stade. Ce projet d'envergure qui a fait, il y a peu de temps, l'objet d'une visite ministérielle et dont les travaux ont débuté le 2 janvier dernier, devrait être livré à la fin du mois courant. Il porte sur une pelouse principale terminée récemment, deux répliques de 11 200 m2 dont le taux d'avancement des travaux serait de 85% et une gazonnière achevée à 50%, avec un système de drainage (pour les deux répliques) et un système d'arrosage (pour les 4 pelouses) avec aspersion escamotable automatique, à turbines, connexionné à un programmateur hybride, un forage réalisé par l'entreprise Forhymid et répondant aux normes internationales, une bâche à eau d'une capacité de 500 m3 (pour l'arrosage de l'ensemble de l'infrastructure), deux groupes électrogènes de 630 kva et à démarrage automatique pour assurer le bon fonctionnement de l'éclairage en nocturne. Ce projet commandé par la DJS (le maître d'ouvrage délégué par la wilaya), et dont la réalisation a été confiée au bureau d'étude et de suivi Berep et à l'entreprise publique Enarp (Entreprise des ressources et des parcs nationaux et de loisirs), UPEV (Unité de paysagisme et des espaces verts), a été mené par Amar Boukaboub, expert en agronomie et chargé de cours à l'université de Batna, riche d'une expérience de 10 ans dans le domaine de la réalisation et l'entretien des stades sur la base de recherches scientifiques et leur application sur le terrain, très concluante dans les stades Messaoud-Zeggar d'El-Eulma et Chahid Bouteldja de Skikda. Pour le match Algérie-Tanzanie du 3 septembre 2010, il avait été chargé de la préparation de l'ancienne pelouse du stade Tchaker. “Cette pelouse (l'actuelle) a été réalisée selon des normes internationales, d'un point de vue substrat planimétrie et planéité ainsi que du choix de la semence (un mélange de variétés de graminées adaptées aux conditions climatiques de la région et aux conditions d'utilisation) et répond à de nombreuses exigences techniques visant à la qualité de jeu des footballeurs”, assure M. Boukaboub, celui que qualifie Mohamed Khelfallah - chef de projet de l'Enarp-Upev, ingénieur agronome, 40 ans d'expérience dans le domaine – de “tête pensante”. Les travaux, nous apprend-on, se sont déroulés sur deux volets : le premier a consisté en la longue préparation de la pelouse, avec un site devenu un vrai champ de labour, et l'apport de substrats (sable et terreau) ; à cet effet, nous explique M. Boukaboub, “on utilise le sable pour faciliter le drainage, l'infiltration de l'eau, l'ancrage des racines, ce qui aura pour résultat d'offrir des pelouses exploitables dans les pires conditions avec une durée de vie dépendant de l'entretien et de la manière dont elle sera exploitée”. Le second volet s'est déroulé à la pépinière Upev de Chebli (Blida) spécialisée en aménagement, réalisation et entretien des espaces verts, où le gazon a été élevé pendant six mois suivant la technique de la culture hors sol -véritable travail d'agriculteur- pratiquée sur film plastique. “Cette technique offre l'avantage de la rapidité de transfert du gazon en conservant la totalité des racines, ce qui n'est pas toujours possible avec le gazon déplaqué en sol”, explique M. Boukaboub. Pour l'équipe, outre son souci de la qualité des travaux, du respect des délais et de l'harmonie dans le travail de groupe, sa fierté se situe dans la réalisation 100% algérienne de cette infrastructure. En effet, “C'est, précisent MM. Boukaboub, Khelfallah et Mahfoudh Nemer, ingénieur hydraulicien chargé du suivi et du contrôle en génie civil et hydraulique, chef de projet au Berep, une équipe pluridisciplinaire issue de l'université algérienne, qui a collaboré à cet ouvrage : il y a l'agronome, le topographe, l'ingénieur en génie civil, l'ingénieur en hydraulique, l'ingénieur en VRD, l'électrotechnicien, l'expert consultant, l'entreprise de réalisation…, le bureau d'études et de suivi, les sous-traitants (Société SAGC, Adisi, Forhymid), mais encore les 50 ouvriers (entre manœuvres et ouvriers qualifiés) dévoués sans lesquels nous n'aurions pu rien faire ; ils ont fourni un travail intense par 38°c et plus, certains jours jusqu'à 22h non-stop, y compris les week-ends. “Nous nous sommes contentés de leur témoigner de la considération, de leur demander leur avis que nous valorisions. Nous nous sommes complétés, eux, les praticiens, et nous, les théoriciens, dans la réalisation de ce formidable projet auquel nous nous sommes ensemble associés”, insiste encore M. Boukaboub qui parle d'une expérience extraordinaire vécue sur le plan social. “La réussite de ce projet émane pour beaucoup d'un travail collégial fait de concertation mutuelle, avec un expert qui dirige les opérations à différents niveaux de responsabilité”, ajoutera M. Khalfallah. Amar Boukaboub, qui tiendra à souligner les efforts constants des responsables étatiques (le wali Mohamed Ouchène qui supervise le projet et le DJS M. Belbekri qui suit de très près les travaux en effectuant de fréquentes visites hebdomadaires hors des heures et jours de service ainsi que le directeur de l'Opow, Djamel Benhadja, pour les facilités accordées), ne manquera pas aussi de passer un message fort: “On a toujours dénigré les cadres algériens ; on ne croit pas aux compétences algériennes. Le résultat est là : avec des cadres algériens, des techniciens algériens ! Il suffit de les placer dans de bonnes conditions pour qu'ils réalisent ce que nous envions à l'étranger ". Une réalisation digne de fierté dont le montant global ne dépasserait pas les 18 milliards de centimes ; ce qui constitue un défi, compte tenu du marché actuel du gazon. Un acquis à préserver, car le gazon naturel nécessite un soin particulier, un entretien rigoureux qui le maintienne en bonne santé. Il a tout simplement des limites. Veillerons-nous longtemps à les repousser ?