Entamé au lendemain des recommandations du président Bouteflika sur l'éradication de l'habitat précaire, vétuste et des bidonvilles, un programme de relogement frénétique a été adopté par la wilaya d'Alger dès mars 2010. Parallèlement, mais avec moins d'enthousiasme, des APC continuent tant bien que mal à gérer conjointement avec les wilayas déléguées le dossier des logements sociaux. Un volet qui ne cesse d'empoisonner la vie des élus qui ne savent plus où donner de la tête devant l'inégalité outrageante de l'offre et de la demande. Comment en effet procéder à une distribution de 60 ou 80 logements pour la dernière des communes où les demandes se comptent par milliers ? Quels sont les critères d'accès à un logement social et comment s'y prend la commission de validation des dossiers sans avoir à soulever la colère des “non admis” ? Y a-t-il un secret pour éluder la contestation débouchant souvent sur des affrontements entre forces de l'ordre et protestataires le jour de l'affichage des listes ? Ce sont là quelques questionnements que nous avons répercutés à Tayeb Zitouni P/APC d'Alger-Centre, commune considérée comme pilote dans la wilaya d'Alger en matière de gestion du volet logement dans ses deux formules populaires LSL et LSP, même si d'autres municipalités ont, dans une certaine mesure, assuré l'atterrissage en douceur à l'image de Kouba ou de Sidi-M'hamed. Ancien DEC, trois mandats électifs et une bonne formation politique, l'élu RND d'Alger-Centre a “compris que la seule voie de salut passe par les consultations et la concertation avec la société civile”. Une expérience acquise déjà par la première livraison de 700 logements destinés à l'absorption des immeubles vétustes ou menaçants ruine des quartiers Mulhouse, La Montagne, La Pensée, etc. “En matière de social dur (éclatement des familles dans un F2 ou F3, habitations précaires sur les terrasses ou dans les caves), la commune a satisfait 1 300 familles sur 3 000 demandes. Si nous n'avons pas eu de problèmes, c'est grâce au travail de la société civile qui a pris en charge le volet”, affirme le maire, ajoutant que les comités de quartier associés directement aux enquêtes sociales ont joué un rôle très important. En chiffres, le social dur est en voie d'être réglé, rassure l'élu annonçant que sur 624 demandes dûment reconnues, l'APC dispose d'un quota de 440 logements. Il ne reste par conséquent que 184 demandes en instance. “Si demain la commune reçoit ces logements, on peut dire que le problème est définitivement réglé, du moins pour ce volet”, confie le maire, en précisant que “ceux qui n'ont pas bénéficié desdits quotas n'ont pas contesté les listes. C'est dire le travail colossal fait par les comités de quartier notamment au plan de la sensibilisation”. Pour ce qui est de la crise du foncier dont souffre la capitale, l'APC d'Alger- Centre n'a pas attendu l'oracle, elle a carrément pris le taureau par les cornes en achetant 469 logements à Meftah, dans la wilaya de Blida, auprès de l'EPLF. “Là aussi aucune contestation. Nous avons expliqué aux familles qu'il n'y a pas d'autres solutions, elles ont bien compris la situation. L'essentiel est d'afficher une volonté de bien faire pour éviter une crise de confiance. Il faut savoir que nous avons procédé au relogement au niveau de 14 communes d'Alger”, argumente le maire. À noter que l'APC d'Alger-Centre est en train de finaliser un ancien programme LSP de 1 200 logements dans la commune de Saoula. Cependant, si comme Alger-Centre quelques rares communes font exception, beaucoup d'autres localités n'arrivent pas à contenir l'ire des familles.