Près de 160 milliards pour sauver la Grèce de la faillite : étalement de la dette, baisse des taux d'intérêt, implication du secteur privé, ébauche d'un fonds monétaire européen… Autant de pistes pour empêcher la contagion de la crise à d'autres pays européens et calmer les marchés. Réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles le 21 juillet à l'initiative du président de l'Union, Herman Van Rompuy, les dirigeants européens ont trouvé dans la soirée de jeudi une solution à la crise souveraine de la Grèce après la dernière rencontre de Nicolas Sarkozy et de la chancelière Angela Merkel à Berlin mercredi. L'Union européenne, associée au Fonds monétaire international, dégagera quelque 109 milliards d'euros soit un montant équivalent à celui qui avait été octroyé à la Grèce l'an passé. 37 milliards d'euros proviendront “volontairement” du système bancaire hellénique et 12 milliards résulteront d'un rachat de la dette grecque sur les marchés. Un montant global de 158 millions d'euros pour sauver la Grèce de la faillite. Mais, contrairement au premier plan imaginé il y a un an, ces nouvelles mesures de sauvetage, obtenues à l'arraché après des heures de discussions, prévoient une contribution substantielle des banques et des autres créanciers privés du pays. La dette publique de la Grèce pourra ainsi être rééchelonnée, ce qui constitue une première pour un pays membre de la zone euro. La solution dégagée à l'issue d'un peu plus de huit heures de discussions, passe par un étalement sur un minimum de trente ans des délais de remboursement des prêts consentis l'an passé par les pays européens au partenaire grec. Comme le souhaitaient plusieurs pays du nord de l'Europe (Allemagne, Pays-Bas et Finlande), le secteur privé (banques, compagnies d'assurances et fonds de pension) sera associé “volontairement” au plan de sauvetage conclu à Bruxelles avec un montant de 135 milliards d'euros étalés sur une trentaine d'années. En clair, une partie de la dette grecque pourrait ainsi ne pas être remboursée – d'où la difficulté de ces dernières négociations – car on pourrait interpréter cette situation nouvelle à une faillite partielle de l'Etat grec. Les taux d'intérêt, jusqu'alors consentis à 4,5% l'an, baissent désormais à 3,5%. Le trio Van Rompuy, Barroso, Papandréou s'est dès lors félicité de l'adoption de ces mesures destinées à “arrêter le risque de contagion” de la crise comme l'a précisé le président de l'Union lors de la conférence de presse qui a suivi les travaux du sommet. Ce plan d'aide, jugé “crucial” par le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, est de toute évidence déterminant pour l'avenir de la monnaie unique car un mécanisme d'une plus grande gouvernance économique de l'Union a été enclenché. En effet, le Fonds de stabilité européenne créé l'an dernier va pouvoir emprunter auprès des Etats membres et sa palette d'outils a été repensée. Dorénavant il pourra intervenir plus tôt lorsqu'un problème se posera au sein de la zone euro et il sera aussi capable de garantir des créances jugées “fragiles”. Christine Lagarde, qui assistait au Sommet de Bruxelles pour la première fois en tant que responsable du Fonds monétaire international, a mis en exergue la “détermination respective très forte” des participants à cette rencontre et “la volonté de construire ensemble”. Le président français y voit aussi plus de solidarité européenne et l'ébauche d'une “gouvernance économique” plus profonde, en quelque sorte un “fonds monétaire européen” dont les contours seront précisés à la fin de l'été. Les Bourses ont réagi positivement à ces dispositions mais plusieurs mesures arrêtées à Bruxelles, comme l'étalement de la dette ou la baisse des taux d'intérêt, avaient déjà été demandées par le Premier ministre grec Papandréou en 2010 et les Grecs, soumis à une cure sans précédent d'austérité, se demandent pourquoi il a fallu attendre si longtemps pour répondre aux souhaits qu'ils avaient déjà exprimés l'an dernier.