Menacés depuis plusieurs semaines par les groupes armés affiliés au GSPC, les habitants du village Tikiouache, situé en plein cœur du massif forestier de Mizrana, au nord de Tizi Ouzou, faute d'organiser la riposte — le nombre d'habitants de ce hameau étant des plus réduits — n'avaient guère de solution que de fuir et élire domicile chez des proches pour certains et louer des appartements sous des cieux plus cléments pour d'autres. Le diktat est désormais imposé et la peur s'est installée confortablement. À l'exception d'une seule et unique famille qui n'a probablement pas où se réfugier, toutes les autres sont parties quelques jours seulement après l'assassinat du chef des patriotes, Cherfaoui Mohamed Saïd, originaire de ce même village, à la fin du mois de septembre dernier dans un faux barrage dressé par un nombre indéterminé de terroristes sur la route de son village qui mène à la ville côtière de Tigzirt. Après le forfait, les éléments composant le groupe armé se sont rendus en son domicile et récupéré son arme avant de s'évaporer dans la nature. Depuis, la région vit dans la désolation et dans un climat de psychose qui se conjugue au quotidien. La fuite devient inévitable et unique moyen de salut, malgré pourtant la présence d'un campement militaire dans ce même massif forestier. Les menaces ont commencé bien avant cet assassinat. Environ un mois avant, les habitants de ce même village ont eu la stupeur de découvrir au petit matin, devant les portes d'entrée de leurs demeures, de petits paquets scellés contenant des bouts de tissu blanc et des savonnettes, signe précurseur de représailles contre ces citoyens qui ont “osé” s'armer pour défendre leur droit à la vie et leur dignité. Cette découverte était la première du genre depuis l'apparition de la gangrène terroriste dans cette région depuis la fin de l'année 1993. À cette époque déjà, les groupes armés ont commencé à se manifester au grand jour en narguant les habitants de cette commune avant que la résistance ne s'organise. C'est la deuxième commune qui décide de prendre en main ses propres destinées après Igoujdal, dans la région d'Azeffoun. Les fruits de cette résistance ne tarderont pas d'ailleurs à venir. Les populations ne sont plus persécutées comme au temps où elles étaient contraintes de payer une sorte de dîme. Mais le prix a été payé très cher. Plusieurs Patriotes ont trouvé la mort dans des accrochages avec les sbires de Hattab. Même la quasi-totalité des infrastructures ont constitué une autre cible privilégiée des terroristes. Certaines ont même été détruites au hebheb. F. I.