“Enfin nous l'avons vue”, lâche un sexagénaire, venu découvrir à l'occasion des portes ouvertes sur le métro d'Alger, cette œuvre que les Algérois attendent depuis 30 ans et dont l'inauguration est prévue en novembre. À sa mise en marche, le métro transportera une moyenne de 22 000 voyageurs par heure. Depuis jeudi et jusqu'au 18 août, la Ratp El-Djazaïr, l'entreprise chargée de la gestion du métro d'Alger, organise des journées portes ouvertes. Le coup de starter a été donné de la station du jardin d'Essais, à El-Hamma. Venus en famille ou entre amis, habitants le quartier ou juste de passage, les Algérois ont été nombreux à assister à la mise en marche du métro. Parmi les visiteurs, des étudiants originaires de l'Afrique subsaharienne. 15h30. Avant même le début de la présentation, la foule commençait à affluer sur les lieux. Près d'une centaine de personne attendait devant l'entrée de la bouche du métro. 16h, l'entrée est autorisée. C'est le grand rush. Tout le monde s'active pour être aux premières loges et ne rien rater du “spectacle”. Soudain, la bousculade. Téléphone portable et appareil photo en main pour capter des images de la première rame. Le décor n'a pas laissé indifférent. Des jeunes et des moins jeunes immortalisent l'instant. Photos des lieux, de la fenêtre qui sert d'“écran”, la carte de l'itinéraire, rien n'est laissé au hasard. Pour Mohamed, âgé de 67 ans, présent avec deux amis, le métro d'Alger “n'a rien à envier aux autres métros dans le monde”. Le sexagénaire ajoute : “Nous avons attendu près de 30 ans pour le voir, alors, nous sommes très heureux que le projet ait fini de sortir de sous terre. Avec ce nouveau moyen de transport, nous nous mettons au diapason. Mais nous devons en prendre soin, car c'est un plus pour nous.” Son ami abonde dans le même sens : “Ce nouveau moyen de transport va absorber la circulation. Il y'aura moins de voitures. C'est un grand pas.” Pour, Amine, un jeune de 20 ans, le métro est une “curiosité”. “J'entends parler du projet depuis que je suis petit ; je n'aurais raté son lancement pour rien au monde. Ce n'est plus un rêve et ça nous fait plaisir.” Les agents de la Ratp El-Djazaïr n'ont vraiment pas chômé ce jeudi. Assaillis par les questions des citoyens, ils se sont prêtés à l'exercice des questions-réponses avec plaisir. Complètement revêtue de faïence avec des escaliers mécaniques menant vers les quais, cette station a été réalisée selon un design très raffiné. La station compte trois guichets, un pour la vente, un pour l'information et le dernier pour le chef de guichet. Près d'une dizaine de tripodes (appareil de contrôle) sont alignés. Seul hic : pas de sanitaires. Pour Pascal Garret, directeur général de la Ratp El- Djazaïr, “l'installation et l'entretien de sanitaires sont une tâche compliquée”, avant de préciser que “la distance entre les différentes stations est de 9,5 km, ce qui ne nécessite pas de sanitaires”. Le DG souligne que “la première préoccupation de l'entreprise est la sécurité. Pour rendre le déplacement des Algérois via le métro agréable, notamment durant les heures de pointe, il y aura deux guichets pour la vente des tickets. Un distributeur automatique de billets sera, également, mis à la disposition des usagers. Dès que le prix du ticket sera annoncé des cartes d'abonnement seront mises en vente. Les billets seront, aussi, disponibles à l'extérieur des stations, dans les kiosques et les taxiphones. Cette démarche a pour objectif d'éviter les longues chaînes devant les guichets.” La sécurité au cœur des préoccupations Le métro d'Alger est placé sous surveillance vidéo. Entre 24 et 32 appareils sont installés dans chaque station. Ils sont reliés au poste de contrôle centralisé des Anassers. 400 agents de la Sûreté nationale en plus des 400 employés de la RATP, actuellement en formation, assureront la sécurité des lieux. Le responsable de la sécurité du métro a fait savoir que “la formation des policiers est passée par 3 étapes. La première a concerné tous les agents de police, la seconde a été dédiée aux responsables alors que la dernière a touché la police du métro et s'est faite conjointement avec les responsables de la Ratp”. “La Ratp s'occupe du volet technique de la sécurité et nous, nous avons la charge de veiller sur la sécurité des personnes et de leurs biens”, a-t-il encore noté. Concernant l'équipement, des agents sont même munis de pistolets taser. Pour les issues de secours, le métro en compte 4 sur toute la distance dont des accès spécial pompiers. “La sécurité est assurée selon les normes internationales”, argumente Khaled Sadji, directeur du système du métro. De son côté, le colonel Nechab Farid de la Protection civile qui chapeaute les opérations de sécurisation avec la Ratp, a indiqué que sa direction a formé des unités d'intervention spécialisées pour les tunnels métro car “les lieux sont électrifiés, alors, ils requièrent un savoir-faire spécial”. Pour rappel, le projet du métro d'Alger a été lancé dans les années 1980. Les travaux avaient été suspendus pendant plusieurs années, puis relancés à la faveur du plan de soutien à la relance économique (2000-2005) et du plan complémentaire de soutien à la croissance (2005-2009).