“C'est une session extraordinaire dans un contexte ordinaire”, a défini, hier, la réunion du comité central du FLN, M. Kassa Aïssi, membre du BP et porte-parole du parti. Pourtant, la situation du parti, depuis des mois, secoué par une “fronde”, le mouvement de redressement et d'authenticité, vit au rythme de la contestation ouverte avec des débordements réguliers lors de l'opération de renouvellement de ses structures de base. À la veille de cette session qui intervient au seuil du Ramadhan, Salah Goudjil, coordinateur du mouvement de redressement, a rendu public un communiqué dans lequel il rappelle les conditions des redresseurs pour mettre fin à la crise. Un pas en arrière, le premier des intransigeants redresseurs : il propose à Belkhadem une commission mixte pour assainir la liste des membres du comité central à l'origine de la crise ainsi que les composantes des structures de base, kasmates et mouhafadates, minées par “des arrivistes illégitimes”. Il maintient toujours le boycott du CC, mais précise qu'il s'agit d'une abstention. Au menu de cette session extraordinaire, l'étude des recours des militants sur le renouvellement des structures, les activités du parti, notamment les conférences régionales et thématiques, les élections législatives et, enfin, les propositions du parti concernant les réformes politiques, notamment les questions non tranchées comme la limitation du nombre de mandats présidentiels. Paradoxalement, au moment où le seul pas fait par Belkhadem a été ses deux rencontres avec Salah Goudjil grâce à une médiation d'anciens responsables du parti, dont M. Benhamouda, même reconnaissant, parfois, l'intrusion de cadres “illégitimes” motivés par des ambitions personnelles, il n'ira pas jusqu'à les débusquer. Au risque de paraître certainement affaibli par les redresseurs, Belkhadem campera sur ses positions et qualifiera “les bagarres locales” de bonne santé du parti. Et curieusement, devant l'insistance et l'activisme des redresseurs, la réponse, sous forme d'une promesse, viendra du député, membre du BP, Abdelhamid Si Affif qui, la semaine dernière, a promis d'en faire une affaire personnelle et de nettoyer le parti de ceux qui ont “monnayé” leur poste. Cette réaction suscite des questionnements dans la mesure où elle constitue un aveu de l'existence de ces “cooptés de la chekara” donnant ainsi raison aux redresseurs. D'un autre côté, le député de Mostaganem ne dit pas au nom de qui il parlait et au nom de qui il va entamer sa campagne d'assainissement. Serait-il mandaté par Belkhadem dont il est très proche ? Les redresseurs, pour leur part, jouent la seule partition de la légitimité et du respect des textes du parti avec menace de saisine de la justice et d'élaboration de listes parallèles pour les prochaines législatives de 2012. Aussi, sur le terrain, collent-ils à l'équipe de Belkhadem en ratissant parmi les mécontents de la base en s'appuyant sur une forte médiatisation de leur moindre action. Mais la proximité des échéances semble avoir tempéré le ton des uns et des autres même si, en apparence, les deux camps se maintiennent dans leurs positions. Si Belkhadem leur demande d'assister à la rencontre du CC pour exposer “les problèmes”, les redresseurs refusent de se réunir avec des membres illégitimes puisqu'ils ne répondent pas aux critères d'éligibilité dans ce comité. Pourtant, dans leurs discours, on laisse entendre qu'une large place est laissée au dialogue. Un dialogue réduit à deux rencontres furtives entre Belkhadem et Goudjil alors qu'à la base, les rencontres se transforment régulièrement en affrontements parfois sanglants assimilés, malheureusement, à de simples rixes motivées par les ambitions de positionnement dans les instances locales du parti. Des militants qui se donnent en spectacle avec des scènes qui rappellent que la crise du FLN, née en 1995 avec le débarquement d'Abdelhamid Mehri, l'intermède Benhamouda est loin de s'estomper. Ce qui rappelle aussi les circonstances du lâchage de Benflis par le recours à un procès “contestable”. Il n'est pas surprenant que ses fidèles aient tenu une rencontre régionale la semaine dernière alors que le parti traverse une période des plus turbulentes de son histoire avec en toile de fond ce risque d'une véritable implosion : les causes de la crise sont présentes et les divergences entre les responsables qui s'alternent à la tête du parti par le biais de “soft” coups d'état n'ont pas été dissipées. Et les appels au dialogue buttent sur l'intransigeance des deux camps chacun posant ses préalables à l'amorce des discussions. Dans le fond, une autre tension est née entre les conservateurs, les apparatchiks qui veulent garder le parti arrimé au pouvoir et ceux qui veulent le moderniser, le rajeunir et lui donner une autonomie par rapport à “l'homme fort du moment” auquel il prête allégeance. D'où les doutes “légitimes” de certains cadres sur l'identité du parti. Comme depuis certaines années, le FLN est devenu un tremplin pour des carrières personnelles de certains cadres et “transfuges”, il est clair qu'on en arrive, à un moment, à un affrontement entre différents intérêts. Les textes du parti ne seront d'aucun recours. Du moins, jusqu'à présent.