Le dirigeant palestinien Yasser Arafat a appelé, hier, la communauté internationale à arrêter “la folie militaire” d'Israël, dont l'aviation a lancé la veille cinq raids dans la bande de Gaza qui ont fait au moins dix morts et des dizaines de blessés. Le plus meurtrier s'est déroulé tard le soir dans le camp de réfugiés de Nousseirat, où deux missiles tirés par un hélicoptère d'assaut Apache contre un véhicule ont tué sept personnes et en ont blessé plus de 40, alors que quatre autres étaient en état de mort clinique. Selon un communiqué militaire israélien, le véhicule transportait “des terroristes” en fuite après que deux de leurs complices eurent été repérés et pris pour cible par des soldats israéliens alors qu'ils tentaient de s'infiltrer en Israël. Moins d'une heure plus tard, cinq Palestiniens ont été blessés dans un raid contre une maison à Gaza abritant, selon l'armée, un atelier de production d'explosifs, d'armements et de roquettes Qassam, des roquettes rudimentaires fabriquées par la branche militaire du mouvement islamiste Hamas, les Brigades Ezzedine Al-Qassam. Trois autres raids ont coûté la vie à trois Palestiniens, dont deux activistes des Brigades Ezzedine Al-Qassam tués par un missile tiré contre leur voiture, tandis que 25 Palestiniens ont été blessés. Des milliers de personnes assistaient à la mi-journée dans le camp de Nousseirat aux funérailles des sept Palestiniens tués. Depuis le début de l'Intifada fin septembre 2000, 3 563 personnes ont été tuées, dont 2 651 Palestiniens et 846 Israéliens. “J'appelle la communauté internationale, l'Onu et le quartette à agir promptement pour arrêter cette folie militaire à travers laquelle ils (les Israéliens) cherchent à détruire notre terre sainte et notre peuple”, a déclaré M. Arafat à des journalistes à Ramallah en Cisjordanie. Le Premier ministre palestinien, Ahmad Qoreï, a appelé, dans un communiqué, le Conseil de sécurité de l'Onu à se réunir et à adopter “les résolutions appropriées pour sauver notre peuple”. Dans un communiqué conjoint publié à Beyrouth, le Hamas et un autre mouvement radical palestinien, le Jihad islamique, ont appelé, lundi, à une riposte commune, alors qu'à Gaza, le Hamas a menacé Israël d'une réponse “cuisante et dissuasive”. Craignant de nouveaux attentats, l'armée israélienne a renforcé son dispositif sécuritaire et arrêté dans la nuit 17 Palestiniens recherchés en Cisjordanie. Le secrétaire général du parti travailliste (opposition), Ofir Pinès, a reproché au gouvernement d'Ariel Sharon d'avoir “perdu la raison” en ordonnant des raids aussi meurtriers, alors que le ministre des Infrastructures, Yossef Paritsky, du parti centriste laïc Shinouï, a estimé qu'Israël devait “s'excuser auprès des familles des victimes innocentes et les indemniser”. La presse israélienne elle-même se montrait très critique, estimant ces raids contre-productifs. “Le message, c'est que le maître des lieux (Sharon) est devenu fou”, écrivait ainsi le quotidien Maariv. M. Sharon a affirmé lundi au parlement qu'Israël continuerait à traquer les terroristes “en tous lieux” et réaffirmé sa volonté d'“évincer de la scène politique” Yasser Arafat qualifié de “plus grand obstacle à la paix”. Par ailleurs, un proche de M. Arafat a indiqué que le leader palestinien âgé de 74 ans souffrait de calculs biliaires, mais assuré qu'il n'avait pas besoin d'être opéré pour l'instant. R. I./Agences