Les affrontements entre la police et les habitants du quartier du Bois-des-Pins se sont enclenchés avant-hier en fin d'après-midi et ont continué jusqu'à hier matin. Après une journée ponctuée par des affrontements entre la police et les habitants du quartier du Bois-des-Pins (Hydra), ils étaient, hier encore, des centaines de citoyens à manifester leur colère et à réclamer l'arrêt des travaux du chantier du projet du parking. Durant la nuit de mardi à mercredi, les habitants de cette cité avaient installé des barricades bloquant toutes les issues au quartier et l'isolant de la placette d'Hydra. Tout a commencé mardi en fin d'après-midi lorsque des habitants de ce quartier ont demandé au conducteur de travaux d'arrêter les engins chargés de terrasser le terrain de l'espace vert du quartier. L'affaire a vite tourné à l'affrontement entre la brigade antiémeute et les habitants de la cité Bois-des-Pins. L'émeute a duré plusieurs heures jusqu'à la rupture du jeûne. Les affrontements ont repris hier tôt le matin avec l'arrivée des engins de la société de réalisation du projet. En quelques instants, le quartier s'est transformé, encore une fois, en un champ de bataille : jets de pierres, cocktail Molotov, pneus brûlés… La brigade d'intervention a riposté en faisant usage de bombes lacrymogènes. Les affrontements étaient tellement intenses que les employés de Sonatrach (direction technique et association), limitrophe à la cité Bois-des-Pins, ont été libérés hier. Ce n'est que vers 9h30 que le calme est revenu au quartier avec le retrait des engins de l'entreprise de réalisation du projet de construction du parking ainsi que le repliement de la brigade d'intervention. “Elles (les autorités locales, ndlr) veulent le pourrissement, c'est fait. Il n'est pas question qu'on cède nos droits. Ce jardin est un bien commun qui dépend de la cité, de quel droit le maire l'offre à la wilaya ?”, s'interrogent les riverains. Les habitants accusent la société de réalisation d'avoir cassé une canalisation des eaux usées et risque d'endommager aussi une canalisation de Sonelgaz. “Ils creusent sans faire aucune étude de terrain, la preuve est là, voyez ce qu'ils ont fait et nous avons peur qu'ils touchent aussi la canalisation de Sonelgaz qui est juste à côté”, disent-ils. Ils précisent également que l'immeuble G de la cité Bois-des-Pins, qui est construit sur un terrain accidenté, a été classé par les services de CTC en 2003 en zone orange 4. “Lorsque les bulldozers commencent à creuser, nous ressentons des secousses jusqu'au dernier étage”, précisent-ils. Les riverains ne cessent de s'interroger : pourquoi ce chantier continue à fonctionner malgré l'absence d'une étude de terrain ainsi que le permis de construire ? Ils dénoncent, également, “le flou” qui entoure ce projet et les autorités — APC et wilaya d'Alger — qui se rejettent la responsabilité, estimant que l'implantation du parking s'est faite “sans le respect des lois et qu'il n'est d'aucun intérêt public”. Pis encore, ils affirment que les travaux de déboisement de Bois-des-Pins ont été réalisés à l'insu et sans l'accord de la direction générale des forêts. “Tout le monde sait que la forêt du Bois-des-Pins est convoitée par un ponte du régime”, soulignent-ils avec force. Les résidents de ce quartier lancent un ultime appel au ministre de l'Environnement ainsi qu'à celui de la Justice pour intervenir avant qu'il soit trop tard.