Le bras de fer opposant les journalistes de la chaîne de télévision amazighe (TV4) monte d'un cran. L'avocat du Syndicat national des journalistes (SNJ) a déposé hier une plainte auprès du parquet de la République, au niveau du tribunal de Sidi M'hamed, à Alger, contre le directeur de la chaîne pour harcèlement sexuel. Ce conflit qui dure depuis plus d'un mois a donné lieu à un mouvement de protestation. Les journalistes ont dès lors saisi la direction de l'Entv ainsi que la tutelle pour dénoncer les dérapages, la censure et le harcèlement au quotidien du directeur de ladite chaîne, sans mentionner à ce moment-là, le harcèlement sexuel. Les journalistes de la chaîne 4 se plaignent également des conditions de travail jugées insupportables. D'ailleurs, beaucoup de journalistes de la chaîne, sous couvert de l'anonymat, s'interrogent quant aux raisons de l'installation de ce directeur qu'ils taxent d'“antiberbère” et qui serait, disent-ils, “contre tout ce qui est amazigh”. Aujourd'hui, les choses ont évolué dans le mauvais sens pour ce directeur septuagénaire de la chaîne 4 qui devra rendre des comptes, mais cette fois devant un tribunal pour une affaire de mœurs. En effet, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le SNJ explique les raisons qui ont poussé les consœurs de la Chaîne 4 d'expression amazighe, affiliée à la Télévision nationale publique (ENTV). “Ce recours à la justice est une extrémité hélas inévitable pour des consœurs bafouées dans leur intégrité morale, et rendue d'autant plus incontournable par la campagne de représailles que mène à leur encontre le directeur de la Chaîne 4 depuis qu'elles avaient osé briser le silence et porter l'affaire sur la place publique”, lit-on dans le communiqué. Cela dit, si les journalistes de la chaîne amazighe ont décidé de s'en remettre à la justice, c'est que la direction de l'Entv comme la tutelle se sont dit, selon une source proche, incapables de traiter cette affaire. “Cette affaire dépend du pénal”, aurait déclaré un haut responsable de l'Entv à l'adresse des journalistes de la Chaîne 4. Une réponse qui a vite fait réagir le SNJ dont l'avocat a décidé de déposer plainte pour harcèlement sexuel, contre ce directeur qui, dit-on, graviterait dans le cercle des proches du chef de l'Etat. “L'homme se prévaut publiquement d'une “amitié” protectrice et donc immunisante du chef de l'Etat. Il a pu, en tout cas, bénéficier jusque-là de tergiversations complices de la direction de l'Entv et ce, en dépit des instructions du ministre de la Communication qui lui demandait l'ouverture d'une enquête avec, éventuellement, la prise de mesures conservatoires, à la demande du Syndicat, le 13 Juillet 2011”, lit-on encore sur le même communiqué. Enfin, le SNJ se dit avoir toute la confiance en la justice pour rétablir les journalistes de la Chaîne 4 dans leurs droits dans cette affaire, tout en dénonçant la volonté de donner une dimension politique à cette affaire de mœurs. “Le Syndicat qui fait confiance à la Justice pour rétablir nos consœurs dans leurs droits, réitère son appui indéfectible et incessant, à l'ensemble des journalistes de la Chaîne 4 qui subissent une intenable pression, faite d'intimidations et de tentatives de politiser une affaire qui n'est et ne restera que ce qu'elle est en fin de compte : une affaire de mœurs qui empoisonne la vie de nos consœurs depuis des années”.