Mis à part la candidature de Ali Benflis, les autres postulants déclarés sont là pour faire de la figuration. La prochaine présidentielle est un peu “spéciale”, en cela qu'à cinq mois du délai constitutionnel, réaffirmé du reste par Ahmed Ouyahia, on n'a pas encore une idée assez précise des futurs candidats partants. Les vrais, s'entend. Mis à part Ali Benflis, qui a tous les attributs d'un postulant sérieux, poussé malgré lui à déclarer sa candidature “prématurément”, à cause de la situation interne que vit le FLN, les autres semblent hésiter à montrer le bout de leur nez. Ce ne sont certainement pas l'envie ni les pressions de leurs entourages respectifs qui doivent manquer, mais le fait est là. Ainsi, le Dr Saïd Sadi, qui nous accordait la semaine dernière un entretien, n'a pas écarté la perspective de sa candidature. Il pose, néanmoins, des conditions pour que l'opposition démocratique puisse être “partie prenante du processus de refondation nationale”. Ces conditions, c'est le changement des règles du jeu. “Il est difficile de prendre part à une élection, parce que nous savons très bien que ce ne sera qu'une fraude de plus et probablement de trop”, prévient le chef du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Le nom de Mouloud Hamrouche, candidat à la précédente échéance, continue d'être avancé par les “bookmakers” qui voient en lui “une possible alternative, en dernier ressort”. Mais, force est de constater que le concerné, qui continue à recevoir du monde chez lui “pour un café”, persiste à se murer dans un silence de sépulture. Mutisme calculé ou conviction chez l'homme des réformes structurelles de 1991 que son heure n'est pas encore venue ? L'été dernier, des citoyens de Béjaïa avaient signé un appel, sous forme de placard publicitaire, conviant Hamrouche à se présenter à la présidentielle. Au mois de juillet dernier, c'est un groupe d'avocats, à sa tête Me Kenaï Rachid, du barreau d'Alger, qui a réitéré l'appel. C'est dire que les sollicitations sont fortes. Le Dr Taleb El-Ibrahimi est crédité de l'intention de briguer un mandat présidentiel. D'ailleurs, la levée des scellés sur son siège, le mois dernier, est interprétée par les observateurs comme un signal du pouvoir pour le persuader à s'impliquer dans la prochaine dynamique électorale. “Taleb, une chance pour Bouteflika”, ironisa un observateur pour qui l'entrée en lice de l'ancien ministre des AE de Chadli pourrait servir de spectre qui ferait fuir les électeurs vers l'actuel chef de l'Etat qui serait alors et encore “le candidat le moins mauvais”. En dehors donc des grosses pointures, qui ont, du reste, toutes les raisons d'être méfiantes, en raison du peu de visibilité qui caractérise l'échéance d'avril 2004, place aux “intermittents du spectacle” qui commencent déjà à se bousculer au portillon. Histoire pour eux de poser le décor et, pourquoi pas, servir de lièvres, au cas où les dés seraient pipés d'avance, dans une configuration où les candidatures crédibles seraient amenées à boycotter, comme en 1995. Nasser Boudiaf est le premier à donner le ton de ces candidatures “anecdotiques”, en proposant aux Algériens “le choix de l'avenir”. Dans une déclaration publiée en juillet dernier par La Dépêche de Kabylie, le fils de l'ancien président du HCE propose “la transparence, la technologie et le développement pour ancrer l'Algérie dans la modernité et le progrès”. Moussa Touati du FNA se croit, lui aussi, un destin de présidentiable. “La finalité de tout président d'un parti sérieux est de parvenir au pouvoir. Il est donc naturel que le FNA soit partant pour la présidentielle d'avril 2004”, avait-il déclaré, à l'occasion de l'annonce de sa candidature, le 1er mai dernier, à Tipasa. Abdelkader Merbah, un autre abonné “aux farces électorales”, est à nouveau partant. Il a annoncé sa candidature, il y a une quinzaine de jours, dans un hôtel sur la côte ouest algéroise. L'ex-député de Tizi Ouzou, au temps béni du parti unique, semble faire définitivement sien le principe qui consiste à se dire “l'important, c'est de participer !”. Abdeslam Ali Rachedi, qui est d'une tout autre dimension politique et intellectuelle, vient de décliner ses “100 propositions pour sortir de la crise”. N'ayant pas d'état-major ni de divisions pour porter sa candidature, l'ancien député dissident du FFS risque, lui aussi, d'être réduit à faire de la figuration. Ce qui n'enlève rien à la qualité de ses propositions. D'autres “sanafir” ne manqueront certainement pas de se mettre en ordre de bataille, dans les prochains jours. En attendant que les choses sérieuses commencent. N. S.