Cette nouvelle gestion des affaires de la cité est inédite à travers les différents modes de gouvernance et le fait de médiatiser à outrance les activités du Président et passer sous silence celles de l'Exécutif est un signe de dissonance. Sitôt rentrés de leurs courtes vacances, les membres du gouvernement ont été invités à retrousser les manches et à mettre les bouchées doubles, partagés entre le grand oral devant le Président et les réunions du gouvernement non-stop. Au premier, il ne suffit pas de réciter la leçon moult fois ressassée devant les deux Chambres et les différents médias, mais réussir à passer les embûches inattendues sans s'attirer les foudres du grand questeur. Au Premier ministre, il faut faire preuve de pragmatisme et de célérité dans la préparation des avant-projets de textes politiques annoncés par le Président et ruminés par la commission Bensalah. Vaste programme donc mais combien d'énergie dispersée pour la satisfaction d'un ego. Entre la logorrhée du communiqué qui sanctionne chaque audience qui n'apporte rien de nouveau et de concret au citoyen et le travail quasi clandestin des travaux des réunions du gouvernement qui pourtant planchent sur des dossiers d'actualité, il y a cette impression que le pouvoir exécutif est bicéphale. Ce qui est bien sûr inexact. Mais, il y a cette perte de temps qui nous sera décomptée et cette impatience du citoyen à qui on a promis des changements profonds, qui devient difficile à refréner. Cette nouvelle gestion des affaires de la cité est inédite à travers les différents modes de gouvernance et le fait de médiatiser à outrance les activités du Président et passer sous silence celles de l'Exécutif est un signe de dissonance ou une catégorisation de collèges alors que l'objectif recherché est le même. Chacun se complaît dans cette situation où il est maître du jeu et seul arbitre ; le Parlement, censé par son existence même constituer un contre-pouvoir, se contente de faire de la figuration, à la moindre sollicitation, l'opposition est entretenue douillettement pour servir d'alibi. À l'heure des bouleversements que connaissent les pays arabes “voisins et frères”, des turbulences du marché financier international qui ébranlent des économies qu'on disait assises dans la durée, il est temps de se réveiller avant de sombrer dans un cauchemar dont nous serons les seuls responsables. O. A. [email protected]