C'est devenu presque un rituel. à chaque Ramadhan, les Algériens apprennent avec effarement la découverte de viande d'âne dans les marchés. Parce que pendant ce mois de jeûne, la consommation de viande dans les ménages connaît un pic, certains amateurs de gain facile ne reculent devant aucun procédé, aussi perfide soit-il, pour engranger quelques dividendes. Une quantité importante de viande d'âne, six quintaux, vient d'être saisie à Bir El-Ater, à 90 km de Tébessa. Fin août de l'année dernière, une panique a gagné les habitants de Bordj Bou-Arréridj après la découverte, dans une ruelle de la ville, de carcasses décharnées de deux têtes d'ânes. à la même période, cette fois-ci dans la capitale, trois cents kilos de viande impropre à la consommation ont été saisis dans une boucherie du marché couvert Ali-Mellah, à Sidi M'hamed. Une partie de cette viande était écoulée sous forme de merguez. Pour enlever l'odeur putride à même d'éveiller les soupçons des consommateurs, le boucher indélicat saupoudre la viande impropre avec une poudre utilisée sur les cadavres dans les morgues. Comment a-t-il réussi à se procurer le produit ? Certains avaient soupçonné des complicités dans des établissements hospitaliers. En tout cas, pendant le mois de Ramadhan de l'année dernière, quelque 800 kg de viande ont été saisis à Alger et 12 autres quintaux de viande rouge à M'sila. En septembre 2007, toujours pendant le mois de Ramadhan, de la viande hachée faite à base de viande d'âne et de celle de chien a été vendue à Khenchela. Mais l'affaire qui a le plus défrayé la chronique est celle qui a secoué en 2003 la ville d'El-Harrach, à Alger. Un important réseau d'abattage et de distribution de viande d'âne y a été démantelé à au cours du mois de Ramadhan. Pas moins de 1 514 bêtes avaient été abattues et 55 tonnes de viande ont été écoulées dans plusieurs marchés d'Alger. à coup sûr, sans de solides complicités au niveau de l'abattoir d'El-Harrach, ces trafiquants n'auraient pas pu accomplir leur forfait. Mais que fait le ministère du Commerce pour mettre un terme à ce trafic qui constitue une menace pour la santé publique ? Il y a lieu de relever que dans toutes les affaires révélées à l'opinion publique, les contrôleurs et les services de sécurité avaient agi après coup, c'est-à-dire après que le forfait eut été commis. Question : n'y a-t-il pas moyen de prévenir ce genre de délit ? Pour cette année en tout cas, la Direction du commerce de la wilaya d'Alger a mobilisé pour le mois de Ramadhan pas moins de 120 équipes composées de 240 agents de contrôle des prix et des pratiques commerciales et de répression de la fraude à travers la wilaya. Selon le chargé de la concurrence et des prix de la Direction du commerce, M. Mohamed-Tahar Djaâti, qui s'est confié à l'APS, les agents chargés du contrôle des produits alimentaires ont été dotés de nouveaux moyens qui leur permettent d'analyser rapidement certains produits alimentaires périssables. M. Djaâti a fait état de 241 interventions ayant induit à la fermeture de 13 locaux et la saisie de 583 kg de denrées alimentaires.