Cette fois, l'effondrement des cours des valeurs et des marchandises en Bourse est évident : c'est la débâcle, le “krach” à l'échelle mondiale qui ne trouve pas sa cause uniquement dans l'abaissement de la note des USA par l'agence Standard & Poor's… La baisse de cette note — qui aligne le géant américain sur la même cotation que celle du royaume de Belgique — est, certes, importante mais non déterminante. La panique sur les marchés internationaux s'explique surtout par ce manque de confiance des investisseurs par rapport aux responsables politiques qui tardent à prendre les mesures concrètes susceptibles de rassurer le monde des finances. La récente déclaration de Barack Obama n'a pas permis de changer la donne, et depuis la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro tenue le 21 juillet à Bruxelles, on attend toujours les mesures concrètes qui devraient en dériver. L'Italie a été pointée du doigt mais d'autres Etats membres semblent incapables d'arrêter de manière urgente des plans d'austérité en cette période estivale. Ainsi, le Premier ministre belge, Yves Leterme, a demandé aux membres de son gouvernement fédéral démissionnaire d'écourter leurs vacances. Un gouvernement en “affaires courantes” contraint, par les pressions extérieures, à élaborer le budget du futur Exécutif… Ailleurs, la pression se fait sentir sur les différents pays de la zone euro pour qu'ils agissent au plus tôt. Face à la débâcle, les dirigeants européens se parlent au téléphone, multiplient les vidéoconférences, mais personne jusqu'à présent ne semble mettre la main sur l'antidote du mal qui les frappe. C'est que le risque est grand de voir des pays comme l'Italie, l'Espagne ou la Belgique rejoindre le camp de la Grèce en situation de défaut partiel de paiement. Certes, dans un premier temps, les rachats d'obligations par la Banque centrale européenne semblent avoir éloigné le spectre de la catastrophe mais la déroute reste évidente, puisque des baisses de 3 à 5% ont été constatées lundi sur les places fortes européennes. Et hier mardi, les Bourses européennes ont continué à s'effondrer en dépit de l'intervention des dirigeants européens avant la réunion cruciale de la Réserve fédérale américaine. Londres s'enfonçait de 5%, Francfort de plus de 6% et Paris perdait autour de 4%. Bruxelles confirmait la baisse qu'elle n'a cessé d'enregistrer depuis douze jours… Les Bourses nordiques affichent aussi un repli à 2,5% pour Oslo et 0,5% à Stockholm, alors que les deux Bourses moscovites reculent… En Asie, après une ouverture en chute libre hier, Tokyo a cédé 1,68% à la clôture et Hong Kong 5,66%, alors que Shanghai terminait à l'équilibre. New York a connu lundi sa pire séance depuis décembre 2008 avec l'élément déclencheur de l'abaissement de la note américaine. Le défi des dettes souveraines aura certainement des répercussions non seulement dans le secteur bancaire et des compagnies d'assurance mais aussi dans l'industrie avec une récession économique désormais inéluctable des pays industrialisés. Hier, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, est monté au créneau en exhortant les dirigeants politiques européens — et notamment les responsables espagnols et italiens —, à prendre leurs responsabilités et en appelant les gouvernements à se montrer “à la hauteur” dans la foulée des décisions prises le 21 juillet par les 17 pays de la zone euro. Dès lors, en France, on semble se diriger vers de nouvelles rentrées fiscales, la ministre du Budget, Valérie Pécresse, confirmant la nécessité pour le gouvernement français de conserver sa note AAA et de poursuivre son effort pour faire baisser le déficit budgétaire en envisageant d'agir sur les “niches” fiscales dont les exemptions “privent chaque année l'Etat de milliards d'euros”. Quant à la ministre de l'Economie espagnole, Elena Salgado, elle estime que son pays “est très loin d'avoir besoin d'un sauvetage” avec une dette publique ibérique évaluée à 63 ou 64% du Produit intérieur brut. Pour Elena Salgado, une accalmie des marchés pourrait être constatée dans les quinze prochains jours, mais “ce qui se passe, c'est une instabilité sur les marchés de la dette”. En juillet dernier, aucune mesure n'avait pourtant été prise pour un relèvement de la dotation du Fonds européen de stabilité financière (Fesf). Créé en 2010 pour venir en aide à l'Irlande puis au Portugal, le Fesf est doté de 750 milliards d'euros, avec une capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, ainsi que le ministre français de l'Economie et des Finances, François Baroin, ont récemment appelé à “réévaluer” le montant de ce fonds. Mais d'autres pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas ne veulent pas en entendre parler, alors que des mesures impopulaires risquent d'être arrêtées dans les semaines qui suivent, freinant encore la croissance et la consommation. Comme dans la fable de La Fontaine les Animaux malades de la peste, le mal, peu à peu, “répand la terreur” aux quatre coins de la planète. Certes, tous les pays du globe ne meurent pas du mal qui les afflige, mais tous en sont frappés…