C'est demain que les trois premiers lauréats du concours du meilleur pain traditionnel, organisé par la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) et l'UGCAA d'Oran, seront connus. Cette initiative permet aux familles d'exposer leur talent de boulanger et encourage les petits artisans afin d'améliorer la qualité du produit. “L'année dernière, des dizaines de candidats ont participé à l'événement. Le premier a obtenu un pétrin en guise de récompense. Les candidats devront déposer leur pain à la chambre de l'artisanat d'Oran, accompagné de la recette et de la méthode de cuisson”, déclare un membre de l'UGCAA. Face à la crise du pain qui sévit dans plusieurs communes de la wilaya, le pain traditionnel-maison est une issue de secours pour les consommateurs pour également limiter le gaspillage du pain. Pourtant, durant ce Ramadhan, plusieurs boulangers ont remplacé la fabrication de la baguette de pain par celle de la “chamia” malgré la législation qui interdit cette pratique. “Je ne suis pas d'accord avec cette thèse. Il n'y a pas de pénurie de pain, mais une mauvaise distribution”, affirme un cadre de l'UGCAA. De leur côté, les boulangers déplorent le marché informel qui les concurrence : “Quand vous avez deux épiciers en face de vous, un autre à votre gauche et un quatrième à votre droite, et qui vendent le pain ramené d'une autre wilaya ou d'une autre commune, sans autorisation, alors comment voulez-vous fabriquer du pain en grande quantité ?” s'interroge un boulanger. Le déficit en main- d'œuvre durant le Ramadhan trouve sa source dans la quantité qui baisse, selon notre interlocuteur. “À 250 DA la balle, l'ouvrier peut fabriquer entre 8 et 10 balles de 450 pains, soit entre 2 000 DA et 2 500 DA par jour. C'est rentable. Mais avec deux balles seulement, l'ouvrier préfère fabriquer de la chamia”, renchérit un patron. 35 milliards de centimes de pain sont jetés à la poubelle durant le mois sacré du Ramadhan (plus d'un milliard pour Oran), et 50 millions de dollars par an. Des chiffres effarants. Les causes sont diverses et le consommateur n'est pas étranger à ce gaspillage : “Le consommateur n'est pas rationnel dans ses achats. En plus, il ne mange pas le pain rassis. Il préfère le jeter”, explique un boulanger. Une nouvelle filière de ramassage de pain jeté est née. Un filon d'or encouragé par la mauvaise qualité du pain, le manque de rationalisation des consommateurs, le prix soutenu de la baguette… mais, cette hémorragie a un prix et elle est payée en devises fortes.