En prenant le contrôle d'une importante localité du Sud-Ouest libyen, dans le Sahara oriental, les Toubous, une communauté ethnique en Libye, entendent démontrer qu'ils sont partie prenante dans la révolte contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi. Un groupe de rebelles Toubous, minorité du sud du pays, a attaqué mercredi la ville de Morzuk, dans la région désertique du Fezzan, pièce maîtresse dans le dispositif de Kadhafi et principale ligne logistique reliant Tripoli aux frontières du sud-ouest. Morzuk était jeudi sous le contrôle de ces rebelles, qui affirment avoir saisi du matériel militaire, tué une douzaine de soldats gouvernementaux et capturé cinq officiers. L'action est d'importance, dans une région -le Fezzan- au carrefour des routes vers le Niger, le Tchad et l'Algérie. Ce nœud de communication vital, organisé autour de la capitale régionale Sebha, est une pièce maîtresse du dispositif de Kadhafi, où sa tribu --les Guedadfa-- joue un rôle politique et économique clé. Après la Cyrénaïque (est), cœur de la révolte, puis les montagnes berbères de Nefoussa (ouest), des Toubous se lancent donc à leur tour dans la bataille. “Toutes les régions de Libye avaient bougé jusqu'à présent, sauf le Sud. En prenant Morzuk, nous voulons envoyer un message clair à Kadhafi et montrer à nos compatriotes que nous prenons part à la révolte”, explique un responsable du groupe, sous couvert d'anonymat. “Il n'est pas question pour nous d'autonomie ou d'indépendance. Nous entendons simplement jouer notre rôle au sein de la nouvelle Libye”, ajoute-t-il.