Ni les frappes aériennes de la coalition ni les attaques terrestres de l'opposition ne font plier Kadhafi, dont un porte-parole a affirmé hier qu'il était disposé à négocier des réformes, mais son départ du pouvoir n'est guère envisageable, car il représente : “la soupape de sécurité pour le pays et pour l'unité de la population et des tribus”. C'est le statu quo en Libye, où les forces loyales à Mouammar Kadhafi et son opposition continuent à se livrer à des batailles pour le contrôle de certaines villes stratégiques pour l'exportation du pétrole, comme Ras Lanouf ou Brega. En attendant qu'une des deux parties prenne le dessus sur l'autre militairement, propositions et contre-propositions émanent de part et d'autre. La dernière en date a été annoncée par le porte-parole du gouvernement libyen Moussa Ibrahim qui a affirmé lundi soir que le régime était prêt à négocier toute forme de réforme politique, comme des élections ou un référendum, tout en rejetant un départ du colonel Mouammar Kadhafi. “Comment la Libye est gouvernée, c'est une autre question. Quel système politique à appliquer dans le pays ? Ceci est négociable. Nous pouvons en parler. Nous pouvons avoir tout, élections, référendum, etc.” Mais, il accompagnera cette proposition de négociations par une condition inacceptable pour l'opposition, à savoir le maintien du “guide de la révolution libyenne” à la tête du pays, en précisant : “Le leader (Mouammar Kadhafi) est la soupape de sécurité pour le pays et pour l'unité de la population et des tribus. Nous pensons qu'il est très important pour toute transition vers un modèle démocratique et transparent.” En réponse à une question sur la teneur des négociations du régime avec l'Occident, il dit que son pays était prêt à toute négociation avec les puissances occidentales, mais refusait que celles-ci “décident ce que le peuple libyen doit faire”. “Pourquoi il (l'Occident) ne nous dit pas : nous voulons que le peuple libyen décide si le leader doit rester ou partir ?” Il regrette au passage que l'Italie ait reconnu lundi le Conseil national de transition (CNT) représentant la rébellion libyenne comme le “seul interlocuteur légitime”. Cela étant, le CNT a rejeté lundi l'idée proposée par Seïf El-Islam et un de ses frères, Saadi, d'une transition vers une démocratie constitutionnelle qui prévoirait le retrait du pouvoir de leur père, estimant que Kadhafi et ses fils devaient tous partir. Sur le terrain, la bataille pour le port pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli) se poursuit, des tirs d'artillerie très violents étaient entendus hier en milieu de matinée à une trentaine de kilomètres de la ville d'où s'élevait un énorme panache de fumée noire. Des familles entières continuaient de fuir la ville en voiture en raison des combats entre rebelles et forces gouvernementales mieux armées et mieux organisées. Dans l'ouest du pays, les combats s'étaient poursuivis lundi dans le Jabal Al-Gharbi, au sud-ouest de Tripoli, et à Misrata, ville assiégée et bombardée depuis 40 jours par les forces pro-Kadhafi. Par ailleurs, l'Union européenne n'a pas d'objections concernant l'achat éventuel de pétrole aux rebelles libyens du moment que les revenus tirés de cette transaction ne profitent pas au régime du colonel Kadhafi, a affirmé hier le porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton. “Si les revenus (tirés du pétrole et du gaz) ne profitent pas au régime de Kadhafi, alors nous n'avons aucun problème avec les opérations commerciales concernant le pétrole et le gaz libyens”, a dit Michael Mann au cours d'un point de presse. “Concernant le pétrole, notre ligne de conduite est très claire”, a-t-il dit. L'UE soutient les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU visant à ce que les revenus du pétrole ne parviennent pas dans les mains du régime de Mouammar Kadhafi, a-t-il rappelé. Un tanker, d'une capacité d'un million de barils, devait arriver hier dans le port de Tobrouk (est de la Libye) pour le premier chargement de pétrole assuré par les rebelles opposés au colonel Kadhafi, selon le spécialiste en données maritimes Lloyd's List Intelligence. Merzak T./Agences