De retour de France où il vit depuis plus de dix ans, le sculpteur et le peintre surréaliste, Torki Mouffok, est de retour à Batna, sa ville natale où nous l'avons rencontré. Prothésiste dentaire de formation, il a troqué son métier contre l'art afin de poursuivre son activité et élargir le champ d'investigations plus surréalistes et oniriques, ce qui correspond aux grandes lignes du mouvement auquel il adhère. Pris par le goût d'errer à la recherche du surprenant et de l'insolite, rencontré dans l'élément le plus anodin, l'artiste Torki Mouffok semble déterminé à poursuivre sa quête ininterrompue et de forcer les barrières de l'inaccessible. En homme qui ne laisse pas en berne le drapeau de l'imagination, Torki Mouffok, sculpteur et peintre ne connaît pas de bornes et s'exprime en toute liberté. Dés que nous l'avons abordé, nous avons découvert en lui quelque chose d'étrange, de différent, de subversif et de rebelle. Lors de nos échanges, il nous parle longuement de son rêve, de son désir, de sa révolte et de son absurde, qui s'alternent dans ses tableaux. Une véritable reconstruction des valeurs positives ; une véritable insurrection ; une rébellion contre la raison, la préoccupation esthétique ou morale. Un rêveur en perpétuelle action pour se libérer des contraintes sociales et morales qui l'empêchent d'agir, c'est-à-dire des morales qui nuisent à sa force créatrice. L'imagination de Torki Mouffok est foisonnante et son œuvre puisque souvent onirique transgresse le réel en se référant au rêve, au surnaturel, à la magie ou aux mythes. Ce premier point est l'une des références très présentes dans ses œuvres. Ses tableaux, ses toiles, toutes des images de rêves, condensent des significations multiples, les éléments de la composition autorisent des lectures qui se superposent et s'enrichissent mutuellement... Ces toiles superposent plusieurs images. La composition d'ensemble propose une “énigme” à déchiffrer par associations d'idées. Des peintures volontairement énigmatiques, une véritable métaphysique allant du trompe-l'œil à la perspective la plus vertigineuse. Dans une toile intitulée Le Rêve (huile sur toile 70X55cm. 2002), des chevaux dont les pattes comme des pics ou des troncs d'arbres qui s'enracinent dans la terre regardant en direction de la mer dont les vagues sont en flux et reflux et dont une lumière très faible éclaire la tombée du soir. Si vous réussirez à rassembler tous ces différents éléments, vous découvrirez des désirs, des rêves englués, pris au piège dans une situation qui paraît sans issue. Il faut vraiment du temps pour comprendre toutes ces toiles lesquelles il y en a plus d'une centaine. Batna ne manque pas d'artistes. Comme on dit ici, retourne une pierre, tu en trouves une centaine. Malheureusement ils vivent, pour la plupart, dans l'indifférence et la marginalisation les plus totales.