Le manque de célérité dans la mise en route des changements annoncés n'est donc pas à mettre sur le compte de la chaleur torride de l'été, de la méforme physique due au Ramadhan ou des deux réunies. Les réformes, c'est bien une question de fond, non de temps, ni du temps qu'il fait. Depuis le défilé de juin dernier chez la commission Bensalah qui avait recueilli les propositions de ceux parmi les partis, personnalités et autres associations qui s'étaient empressés de déposer leurs “mémorandums”, on n'entend parler que rarement des “réformes politiques”. C'est à peine si, de temps à autre, on évoque l'amendement de telle ou telle autre loi, un exercice purement technique que l'on veut présenter comme une preuve tangible de l'imminence du changement attendu. Lorsqu'il annonçait des réformes “profondes” et “démocratiques”, le 15 avril dernier, le chef de l'Etat ne s'était pas engagé sur un échéancier précis pour leur mise en œuvre. Cela motivait déjà, à juste titre, un sentiment de scepticisme qui, exprimé au début par la seule opposition, s'est propagé, au fil du temps, jusqu'à gagner des milieux connus pour leur proximité du pouvoir. C'est ainsi que le MSP, parti de l'Alliance présidentielle, a exprimé la semaine dernière ses appréhensions en évoquant la “lenteur” des réformes, allant jusqu'à émettre des doutes sur la réalité des intentions du pouvoir, laissant même entendre l'existence de mésententes ou de contradictions au sommet. Des forces qui ont pignon sur rue seraient donc à l'origine de blocages, à en croire les insinuations d'Abou Djerra Soltani. Abdelhamid Mehri, qui était allé au rendez-vous de la commission Bensalah, et qui y croyait donc, semble lui aussi revenir de son optimisme. “Je ne décèle pas de volonté de réformes chez les décideurs”, lâche-t-il. Il avait certes émis quelques réserves dès le début du processus, notamment sur le mode opératoire choisi, mais il n'a jamais été aussi catégorique quant à l'absence de volonté politique en faveur d'une vraie réforme. De son côté, le RCD, commentant la multiplication des attentats terroristes ces derniers jours en Kabylie, y voit un signe de “manœuvres d'Alger” destinées à maintenir le statu quo. Le manque de célérité dans la mise en route des changements annoncés n'est donc pas à mettre sur le compte de la chaleur torride de l'été, de la méforme physique due au Ramadhan ou des deux réunies. Les réformes, c'est bien une question de fond, non de temps, ni du temps qu'il fait. On le sait : pour le régime, une question de fond est une question de survie. Septembre sera chaud…