L'Europe s'inquiète actuellement quant à la capacité de l'Algérie à honorer ses engagements internationaux en termes d'approvisionnent de gaz. L'Europe s'inquiète actuellement quant à la capacité de l'Algérie à honorer ses engagements internationaux en termes d'approvisionnent de gaz. Les évènements en Tunisie et en Libye, marqués par une baisse des exportations à travers le gazoduc Transmed, l'importante consommation intérieure algérienne et le gaz non conventionnel qui bouleversera profondément, durant les années à venir, le paysage énergétique mondial sont autant de paramètres qui suscitent une réelle inquiétude chez les Européens. C'est la problématique qu'a évoquée le Pr Abderrahmane Mebtoul, expert international en management stratégique. Au cours d'une interview qu'il a accordée à la télévision française France 3 qui sera diffusée en septembre, le Dr Mebtoul estime que l'Union européenne et l'Algérie doivent établir “un mémorandum ou protocole d'accord qui fixe les principes communs qui doivent régir cette coopération énergétique sur un prix juste qui ne pénalise ni les investissements algériens ni les consommateurs européens”. D'une part, explique-t-il, l'Europe tente de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis du gaz russe et, d'autre part, l'Algérie envisage d'augmenter ses exportations de gaz à 85 milliards de m3 à l'horizon 2015, voire 100 milliards de m3 gazeux à horizon 2020, selon certaines prévisions du ministère de l'Energie. L'Algérie détient 2,37% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel. Elle se classe à la dixième position, bien loin de la Russie, au premier rang, l'Iran (15%), le Qatar (10%), le Turkménistan, l'Arabie Saoudite, les Etats-Unis, les Emirats arabes unis, le Nigeria et le Venezuela. Les réserves de gaz naturel ont été consolidées, selon la revue internationale Gasoil, à 4 500 milliards de m3 au 1er janvier 2010 malgré les volumes énormes consommés sur le marché national et ceux exportés depuis 1970. 0L'Algérie fournit à l'Europe 25 à 30% de ses besoins en gaz naturel, et cela représente 70% des exportations algériennes. Notre pays devient ainsi le troisième fournisseur de gaz de l'Europe, après la Russie et la Norvège. L'Algérie fournit à l'Europe 25 à 30% de ses besoins en gaz naturel “On estime à 2 milliards de dollars annuellement les revenus en devises tirés par l'Algérie du gazoduc Medgaz dans une première phase pour un volume d'exportation de 8 milliards de m3 par an, contre un coût de 28 milliards de dinars en monnaie locale et 148 millions d'euros en devises”, indique-t-il. Toutefois, précise le professeur, “ce montant concerne, bien entendu, le chiffre d'affaires et non le profit net de Sonatrach après retrait des charges et si le prix de cession reste au même niveau des négociations de départ, soit 10 dollars le MBTU. Ce qui n'est pas évident vu la dépendance de la durée de la bulle gazière et de la concurrence surtout de la Russie et du Qatar”. Abderrahmane Mebtoul avoue qu'“en dépit d'un redressement de situation en 2010 — 55,28 milliards de m3 de gaz naturel exportés contre 52,67 milliards de m3 en 2009 —, l'Algérie peine toujours à maintenir le niveau des volumes exportés au-dessus de 60 milliards de m3, un seuil qui était bien conservé entre 2001 et 2008”. Pour ce spécialiste, la production à un rythme rapide des gaz non conventionnels aux USA et en Europe explique en partie cette situation, alors que l'Algérie tablait sur des exportations de l'ordre de 85 milliards de ms pour 2011/2012. Cet objectif devient donc difficile, voire impossible à concrétiser, du moins pour cette échéance. Par ailleurs, le prix du gaz non conventionnel, évalué actuellement à 4 ou 5 dollars, fera des USA un exportateur de gaz à l'horizon 2020. Ce qui peut freiner l'importation de gaz algérien, pour ne pas dire l'annuler. “Est-ce que la bulle gazière s'arrêtera à horizon 2015 ou au-delà, lorsque les contrats à moyen terme de l'Algérie arriveront à expiration ? Ceci influencera le niveau d'entrées en devises dont 40% sont issus du gaz”, avertit le Dr Mebtoul. Il se posera, par conséquent, avoue-t-il, un sérieux problème de financement au-delà de 2014 si l'on maintient le rythme de la dépense publique où le déficit budgétaire déjà élevé dans la loi de finances 2011 (33,9% du PIB) dépassera les 40%, selon la loi de finances prévisionnelle 2012.