Le Printemps arabe n'a pas livré tous ses secrets, pourtant son onde de choc est bien réelle. Les USA tentent de s'adapter pour préserver leurs positions, en lâchant certains de leurs alliés, honnis par leur peuple. Les accords de Camp David, signés le 17 septembre 1978, entre Le Caire et Tel-Aviv, sont-ils menacés aujourd'hui ? La question, déjà posée après la chute du régime de Hosni Moubarak, en février dernier, s'impose avec force, en raison des nouveaux développements. Dans la nuit de samedi à dimanche, plusieurs milliers de manifestants égyptiens en colère se sont rassemblés devant l'ambassade d'Israël au Caire, pour dénoncer la mort de cinq militaires égyptiens à la frontière égypto-israélienne et demander l'expulsion de l'ambassadeur israélien. Un des manifestants a même réussi à retirer le drapeau israélien pour le remplacer par le drapeau égyptien. De son côté, le gouvernement égyptien a rappelé son ambassadeur en Israël pour protester contre la mort des militaires, tués à la suite de l'incursion meurtrière de l'armée israélienne à l'intérieur du territoire égyptien. La télévision d'Etat, relayée par l'agence Mena, a annoncé que l'Egypte “a décidé de rappeler son ambassadeur en Israël jusqu'à la présentation d'excuses officielles” par l'Etat hébreu. Elle a également rapporté que l'Egypte a “dénoncé les déclarations irresponsables de certains responsables israéliens”. D'après un rapport de la Force multinationale et observateurs (FMO), stationnée dans le Sinaï et chargée de surveiller la paix entre Israéliens et Egyptiens, l'Etat hébreu a commis deux violations, jeudi dernier, en pénétrant dans le territoire égyptien et en tirant à l'intérieur. Une situation générant ainsi une crise diplomatique, la première du genre, entre l'Egypte et Israël. Le gouvernement du Caire a en outre fait savoir, dans un communiqué, que l'Egypte “est capable de défendre ses frontières et d'assurer la sécurité dans le Sinaï” et que la “sécurité de la frontière égypto-israélienne est la responsabilité commune des deux parties”. Par ailleurs, il a chargé le ministre des Affaires étrangères de convoquer l'ambassadeur israélien au Caire “pour lui notifier la protestation de l'Egypte” et demander “une enquête officielle commune”, afin de prendre les mesures juridiques devant préserver “les droits des victimes et des blessés égyptiens”. Il est intéressant de noter le langage tenu par le Premier ministre égyptien, Essam Charaf, à la suite de la mort des 5 policiers. Dans un message publié sur sa page facebook officielle, ce dernier a affirmé que “le sang de l'Egyptien est trop cher pour être versé sans réponse”, en insistant sur la “glorieuse révolution (qui) a eu lieu pour que l'Egyptien puisse regagner sa dignité”. Plus encore, M. Charaf a estimé que “ce qui était accepté dans l'Egypte d'avant la révolution ne le sera plus dans l'Egypte d'après la révolution”. De tels propos pourraient suggérer l'idée d'annulation des accords de Camp David. Depuis la signature de ces accords, qui ont consacré la défaite de l'Egypte face à Israël et coupé Oum Eddounia du monde arabe, les Egyptiens n'ont connu qu'humiliation sur humiliation. Depuis cette époque, Israël a fait montre de plus d'agressivité, provoquant des pays, attaquant et occupant d'autres pays. Quant aux souffrances des Palestiniens, elles ne sont plus à décrire. Arbitres du conflit israélo-palestinien depuis plusieurs décennies, les Etats-Unis ne ménagent pas leurs efforts pour négocier une paix dans la région, une paix qui, jusqu'à ce jour, devait favoriser Israël et leurs intérêts. Le Printemps arabe n'a pas livré tous ses secrets, pourtant son onde de choc est bien réelle. Dans ce nouveau contexte, les USA tentent de s'adapter aux révolutions arabes pour préserver leurs positions et applaudissent à “l'initiative populaire” en lâchant certains de leurs alliés, honnis par leur peuple. Seront-ils à l'écoute des Egyptiens, voire des peuples de la région, qui veulent en finir avec les humiliations ? Quelle voie encourageront-ils, la paix durable, la fausse démocratie ou la voie belliqueuse, devant la revendication relative à l'annulation des accords de Camp David ?