Alors que des poches de résistance pro-Kadhafi étaient toujours à l'action, hier à la mi-journée, et que l'ancien Guide libyen restait introuvable, les réactions internationales se sont multipliées, certaines considérant la victoire rebelle effective alors que d'autres, plus rares, appellent à la prudence. Dans cette belle unanimité anti-Kadhafi, il se trouve tout de même des voix, comme celle du président vénézuélien Hugo Chavez, pour fustiger l'Occident dont il condamne l'intervention en Libye. Dès la soirée de dimanche, après que les rebelles eurent investi les rues de Tripoli, Washington a réagi avec prudence, allant à l'essentiel, en demandant au CNT de bien gérer l'après-Kadhafi et d'inscrire la Libye dans un processus démocratique. Néanmoins, pour le président Obama, la chute du dictateur ne fait plus de doute puisqu'il a considéré que “le mouvement contre le régime Kadhafi a atteint un point de non-retour” et que “Tripoli se libère de la poigne du tyran”. Le président français, lui, prend cette évolution de la situation comme argument a posteriori pour justifier l'engagement occidental qu'il a largement contribué à susciter, et alors que “l'issue ne fait désormais plus de doute”, il “salue le courage des combattants du CNT et du peuple libyen qui se soulève”. “Tout est en train de basculer”, a-t-il dit, avant d'ajouter : “C'est un grand sujet de satisfaction. La France a pris des risques calculés. La cause était juste.” Toujours côté français, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, propose, au nom de son pays, “une réunion extraordinaire du Groupe de contact au plus haut niveau dès la semaine prochaine à Paris”. Le Premier ministre britannique, David Cameron, a, de son côté, appelé Kadhafi à “arrêter le combat sans condition”, estimant que “son régime s'effondre et bat en retraite”. Berlin a également appelé le leader libyen, qui a “perdu toute légitimité”, à abandonner le pouvoir en attendant “qu'il y ait rapidement un changement pacifique et démocratique de gouvernement”. Rome, relativement prudente, déclare par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, avoir “vu ces dernières heures se consolider une avancée de l'opposition au régime”. L'Union européenne, pour sa part, a déclaré maintenir les sanctions prévues contre le gouvernement “pour le moment”, ajoutant qu'elles pourront être levées rapidement. Parallèlement, l'Otan a fait état de sa volonté de continuer ses bombardements sur Tripoli, ce qui ne convient pas du tout aux rebelles du CNT qui n'entendent pas se faire voler “leur victoire”. La Chine, qui n'a jamais vu d'un bon œil l'intervention de l'Otan sans laquelle rien n'aurait été possible, “respecte le choix du peuple libyen”, “espère un retour rapide de la stabilité en Libye” et se dit “prête à œuvrer avec la communauté internationale et jouer un rôle positif dans la reconstruction future” du pays. L'Afrique du Sud a surtout réagi aux accusations portées contre elle d'avoir envoyé des avions et de vouloir exfiltrer le Guide libyen, en les démentant fermement. Le président vénézuélien, allier indéfectible de Kadhafi, a réagi en fustigeant les puissances occidentales qui veulent “détruire Tripoli” et “s'emparer des richesses du pays”. Côté arabe, ce sont surtout des mouvements d'obédience islamiste qui se sont montrés prompts à féliciter les rebelles libyens, à l'image du Hamas palestinien et des Frères musulmans jordaniens. Dans la mêlée des nombreuses réactions qu'il est impossible de rapporter dans le cadre d'un article de presse, celle du Premier ministre suédois, Frederik Reinfeldt, semble tout à fait opportune pour conclure ce bref tour d'horizon. Après avoir exprimé un “espoir de changement en Libye”, il a averti que “beaucoup de choses peuvent encore mal tourner dans les prochains jours”.