Les enseignants du secondaire déclarent la continuité de la grève, malgré la décision de la levée des sanctions. Fidèle à une tradition établie depuis l'indépendance, le ministre de l'éducation, Boubekeur Benbouzid, n'a pas trouvé mieux pour tenter de ramener le calme dans le secteur en proie à une grève que de “gracier” les enseignants suspendus. Annoncée jeudi dernier dans le journal radiophonique et télévisé de 13h, cette mesure est justifiée par le ministère de l'éducation par l'approche du mois sacré de Ramadhan. Benbouzid a également lancé un appel à la “sagesse” et demandé aux enseignants grévistes de rejoindre leurs postes à compter d'aujourd'hui. Toutefois, cette décision, au relent de celle décidée par le président de la république à l'égard des terroristes, n'a pas été du goût des principaux animateurs du mouvement de grève, en l'occurrence le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement du secondaire et technique (Cnapest). “Nous ne sommes pas des terroristes, ni des criminelles pour être graciés à l'occasion du moi sacré”, réagit R. Osamane, jeudi, quelque heures après l'annonce de la mesure, lors d'un meeting qui a eu lieu, jeudi après-midi, au siège du CNES à Alger. En effet, les deux conseils refusent cette décision et la qualifient de “grâce alimentaire” et maintiennent la grève ouverte du 25 au 31 octobre. Ils considèrent que cette démarche comme une atteinte à la dignité de l'enseignant, et demandent au ministre de l'éducation des excuses. “Après la matraque, la suspension, les convocations judiciaires, c'est la grâce. à croire que nous sommes de dangereux criminelles”, s'indigne un enseignant. Rappelons que le Conseil des lycées d'Alger a décidé de déposer plainte contre l'Académie d'Alger pour diffamation et illégalité des actes administratifs. Les deux Conseils pensent que le dialogue entamé par le ministère de l'éducation nationale, la Fnte et l'Unpef est une collation clientéliste, sous des apparences de médiation de la dernière heure, destinée à masquer l'implication du ministère de l'éducation. “Nous appelons tous les professeurs du secondaire, à travers le territoire national, à croire en la légitimité de nos revendications et de s'opposer à toute tentative de pseudo-dialogue avec le ministère. Ces syndicats (Unpef, Unpe, Fnte) ne représentent pas la base du mouvement. En outre, nous rejetons les résultats qui pourraient découler de tous les dialogues excluant le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement du secondaire et technique et le Conseil des lycées d'Alger”, affirme le représentant du Cnpaest. Notons que les délégués de l'intersyndicale, venus mercredi dernier, pour écouter les propositions du ministre, n'ont pas été satisfaits par ces offres. Par ailleurs, ils pensent que ces solutions sont réalisables à long terme, alors qu'ils revendiquent des conclusions pour l'immédiat. N. A. Déclaration de UPEWA “Nous refusons que nos enfants soient victimes du bras de fer entre les enseignants grévistes et le refus de leur tutelle à se conformer aux lois de la République et à la Constitution en matière des libertés et des droits syndicaux”, déclare l'Union des parents d'élèves de la wilaya d'Alger (UPEWA). Il dénonce l'interpellation et les licenciements abusifs des enseignants pour avoir revendiqué l'amélioration des conditions de travail. Il accuse, en outre, le ministère de vouloir manipuler cette association en faisant passer ces messages au nom des parents d'élèves. “Le département de Benbouzid est le seul responsable des préjudices occasionnés aux élèves et à l'école algérienne par ce bras de fer”, conclut-il. Signalons, enfin, que l'Union des parents d'élèves de la wilaya d'Alger dépose une plainte, aujourd'hui, à la chambre administrative du tribunal Abanne-Ramadan, contre l'Académie d'Alger pour la non-application des circulaires 618 du 26 mai et 912 du 23 septembre 2003 du ministère de l'éducation, relatives aux conditions exceptionnelles d'admission et de redoublement des élèves dans les wilayas touchées par le séisme. N. A.