En visite hier dans la wilaya de Tizi Ouzou où il a procédé à l'inauguration du nouveau service d'imagerie médicale au CHU Nedir-Mohamed, le ministre de la Santé n'a pas manqué de revenir sur une des questions les plus d'actualité, à savoir celle de la pénurie de certains médicaments qui a soulevé une intense polémique ces derniers mois. “Les hôpitaux effectuaient des commandes de médicaments sans prévision, sans planification et parfois même sans se soucier de l'utilisation ou non des médicaments commandés”, a expliqué M. Ould-Abbès, soulignant ainsi qu'il y a derrière cette pénurie “de graves dysfonctionnements entre les besoins en médicaments et leur distribution”. Ainsi, pour mettre fin à ces dysfonctionnements, le ministre de la Santé, qui reconnaît en filigrane l'existence réelle d'une crise de médicaments, a déclaré qu'il tiendra, avant la fin de cette semaine, une réunion de travail avec les pharmaciens des hôpitaux de tout le territoire national. Mais, les dysfonctionnements dans l'approvisionnement des pharmacies des hôpitaux n'est pas le seul argument invoqué par Ould-Abbès qui a tenu à revenir sur le poids des lobbies du médicament. “Il y a des opérateurs qui sont à la fois importateurs, grossistes et distributeurs. J'ai toujours dénoncé et je continue à dénoncer la vente concomitante des médicaments et dans le seul intérêt du malade, je mettrai fin à cette pratique”, a-t-il déclaré, avant d'évoquer une imminente réorganisation du secteur dans le but d'assurer une meilleure planification et organisation des circuits de distribution du médicament. “Certaines informations dérangent, mais pour moi, seul l'intérêt du malade compte”, a-t-il indiqué. Interrogé si la contrebande est pour quelque chose dans cette pénurie de certains médicaments, le ministre de la Santé a expliqué qu'un seul cas a été signalé à Oran, et après une enquête, il a été, en effet, découvert que certains “flibustiers et éperviers” étaient versés dans la contrebande des antirétroviraux contre le Sida qui sont offerts gratuitement en Algérie mais qu'ils vendaient au-delà des frontières. S'agissant du manque flagrant de médecins spécialistes dans certaines spécialités, le ministre a révélé un plan de formation établi avec le ministère de l'Enseignement supérieur qui concernera 2 600 spécialistes à former dans certaines spécialités, comme l'oncologie et la radiologie qui enregistrent un déficit énorme. En effet, rien qu'au CHU de Tizi Ouzou, ce manque est vivement ressenti au service radiologie où un équipement important, dont une IRM, vient d'être mis en service alors que le CHU ne compte que trois radiologues.