Elles sont quelque deux cents familles à vivre dans des conditions précaires et demandent un recasement urgent afin d'éviter les dangers qui menacent leurs habitations en ruine Les habitants de la cité Mokadem de Tizi Ouzou viennent de monter au créneau. Cantonnés depuis 1962 dans des baraquements hérités depuis l'ère coloniale, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Elles sont quelque deux cents familles à vivre dans des conditions précaires et demandent un recasement urgent afin d'éviter les dangers qui menacent leurs habitations en ruine. Un premier recasement a été organisé en 1989-1990. “Pompeusement appelé recasement, cette opération est plutôt assimilée à une délocalisation…, ce qui s'est fait sur la base des maisons existantes et non pas par personne, ce qui a engendré des problèmes de promiscuité et autre ennuis familiaux. Plusieurs personnes cohabitent en effet dans la même demeure depuis l'indépendance, père, mère, fils mariés, sœurs divorcées ou en difficultés, tous avec des enfants à charge…”, diront des représentants de cette cité. Sur les deux cents familles que compte la cité, une quarantaine n'est pas raccordée à l'électricité à ce jour, sous prétexte que la wilaya ne peut pas financer l'achat des poteaux. “Lorsqu'il s'agit de débourser des sommes importantes pour des galas artistiques, cela c'est toujours possible, mais pour rétablir la lumière c'est un problème. L'étude financière établie par la Sonelgaz pour raccorder les foyers s'élève à peine à la somme de 140 000,00 DA, ce qui est une somme insignifiante pour les autorités”, lit-on dans une déclaration rendue publique par le comité de cité. Ces habitants ne cachent pas que cette situation dramatique a amené ces familles à s'alimenter en électricité par le biais du piratage, créant un danger quasi permanent. Deux incendies sont déjà survenus à la suite d'un mauvais raccordement ce qui a occasionné un sur-chauffage de câbles et a failli causer l'irréparable. Un autre danger est signalé par les habitants rencontrés sur place. Des eucalyptus plantés à la création du site, ont pris des dimensions gigantesques, menaçant les toitures des maisonnettes construites en parpaing et en tuiles fragiles. À tout cela s'ajoute la stagnation des eaux usées et pluviales à certains endroits et la dégradation des accès extérieurs et des allées de la cité qui sont impraticables. Pour rappel, les représentants de cette cité ont été reçus par le wali de Tizi Ouzou le 21 avril dernier. “Le wali a été très sensible à nos doléances et s'est engagé à résoudre cette problématique de recasement dans des délais raisonnables, suivant un programme à soumettre à l'exécutif”. Toutefois, ils n'ont rien vu venir et dénoncent le mutisme observé depuis cet engagement par les autorités locales. En attendant ces recasements, les mêmes résidents souhaitent vivement une certaine amélioration de leur cadre de vie dans une cité malheureusement transformée en un énorme bidonville. Pour ce faire, il est urgent de rétablir l'alimentation en énergie électrique des foyers non dépourvus, procéder à l'abattage des arbres qui représentent un danger imminent tout en réalisant le revêtement en béton de tous les accès et allées qui mènent à la cité alors que des travaux de nettoyage et d'embellissement pourront être soutenus par des actions de volontariat. Faute de quoi, les résidents menacent de recourir à des actions “extrêmes” pour régler leurs problèmes qui perdurent depuis des années.